Malgré sa dépendance actuelle au charbon, le Japon souhaite s’imposer parmi les chefs de file de la lutte contre le changement climatique. Lundi 26 octobre, le premier ministre nippon, Yoshihide Suga a déclaré que son pays se donnait pour objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050.
« Réagir face au changement climatique n’est désormais plus une entrave à la croissance économique », a déclaré le dirigeant dans un discours, sa première annonce politique devant le Parlement depuis son arrivée au pouvoir en septembre. La troisième économie mondiale, qui a signé l’accord de Paris en 2015, était le sixième plus gros émetteur de gaz à effet de serre au monde en 2018, selon l’Agence internationale de l’énergie.
Miser sur l’innovation
Le premier ministre n’a pas donné de calendrier précis pour parvenir à cet équilibre entre les émissions de gaz à effet de serre et leur absorption, mais il a mentionné l’importance de la technologie. « La clé est l’innovation », a-t-il déclaré, en citant notamment les batteries solaires de nouvelle génération.
Le Japon va aussi promouvoir l’utilisation des énergies renouvelables et de l’énergie nucléaire, a-t-il ajouté, en insistant sur l’importance de la sécurité dans un pays marqué par la catastrophe de Fukushima en 2011. L’accident, consécutif à un séisme et un tsunami majeurs, a entraîné l’arrêt temporaire des réacteurs nucléaires du Japon et augmenté sa dépendance aux énergies fossiles.
Mouvement mondial
L’annonce de Yoshihide Suga place le Japon dans la lignée de la Chine, qui, le 22 septembre, avait surpris le monde en annonçant se fixer un objectif de neutralité carbone à l’horizon 2060. L’annonce en avait été faite par le président Xi Jinping, lors de son intervention, par visioconférence, au cours de la 75e session de l’Assembée générale des Nations unies (ONU). Le premier pollueur mondial, responsable d’un quart des émissions de gaz à effet de serre, s’engage également à atteindre un pic de ses rejets de CO2 avant 2030 – et non plus « autour » de 2030, comme présenté lors de son précédent plan climat.
L’annonce japonaise s’inscrit également dans la lignée de celles de l’Union européenne. Mi-septembre, la Commission européenne a proposé de viser une réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre de l’UE en 2030 par rapport au niveau de 1990, contre un objectif actuellement fixé à – 40 %, afin d’atteindre la « neutralité carbone » en 2050. Le Parlement européen a, lui, réclamé une baisse d’au moins 60 %. Mais les réticences de plusieurs pays de l’Est, dont la Pologne, très dépendante du charbon et qui refuse de promettre sa neutralité carbone pour 2050, compliquent la donne.
Cinq ans après l’adoption de l’accord de Paris, les Etats doivent relever, avant la fin de l’année, leurs objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Or, pour l’instant, seuls quatorze pays, qui ne représentent que 3,8 % des émissions mondiales, ont déposé leurs nouveaux plans auprès de l’ONU, selon le décompte du think tank américain World Resources Institute.
Source : Le Monde.fr