L’incendie, d’origine vraisemblablement criminelle, a ravagé à Kyoto un immeuble de ce studio qui produit des séries d’animation.
Au moins vingt-quatre personnes sont mortes, jeudi 18 juillet à Kyoto, au Japon, dans l’incendie d’un immeuble de la compagnie Kyoto Animation, qui produit des séries d’animation télévisées à succès. Trente-cinq autres personnes ont été transportées à l’hôpital, dont dix sont grièvement atteintes. Le bilan risque de s’alourdir encore, plusieurs salariés étant toujours portés disparus.
« Nous continuons les opérations de secours et d’évacuation des personnes coincées à l’intérieur, dont certaines sont peut-être l’incapacité de pouvoir se déplacer », a précisé un porte-parole des sauveteurs. Le feu s’est apparemment déclenché aux alentours de 10 h 30 (3 h 30 à Paris) ; il était quasiment éteint trois heures plus tard.
La police soupçonne une origine criminelle. « Un homme a versé un liquide inflammable [de l’essence, selon les médias] et a mis le feu », a indiqué un porte-parole de la préfecture de police de Kyoto.
D’après des informations de presse, l’incendiaire présumé est un quadragénaire. Il a lui aussi été blessé et est hospitalisé sous surveillance policière. « Il a dit “vous allez mourir” », selon un témoignage recueilli par la chaîne publique NHK. « Des témoins ont déclaré avoir entendu des détonations au premier étage de Kyoto Animation et avoir vu de la fumée », selon les pompiers. « J’ai entendu deux fortes explosions », a déclaré un homme à NHK.
Un studio qui emploie 160 personnes
Kyoto Animation – abrégé par les connaisseurs en KyoAni – est une société qui produit des dessins animés, crée des personnages, conçoit et vend des produits dérivés de ses séries souvent tirées de manga. Créé en 1981 par la productrice Yoko Hatta, KyoAni a commencé comme sous-traitant pour de prestigieux homologues comme Ghibli, fondé par Hayao Miyazaki, ou encore le studio Pierrot. Ce n’est qu’au début des années 2000 que l’équipe d’une soixantaine de salariés s’attelle à ses propres productions avec des films, séries et téléfilms animés.
Récemment, les studios kyotoïtes se sont illustrés avec l’adaptation en film du manga A Silent Voice (2016), ou encore la série adaptée du roman « light novel » Violet Evergarden, diffusée sur Netflix. Mais c’est leur travail sur la série La Mélancolie de Haruhi Suzumiya, l’histoire d’une lycéenne qui se passionne pour les êtres et phénomènes paranormaux, qui a contribué à forger sa réputation.
Ces derniers mois, le studio travaillait à la réalisation d’un film animé, Violet Evergarden, après le succès de la courte série du même titre au Japon et en Occident. Sa sortie, prévue pour janvier 2020 selon le site du studio, est aujourd’hui compromise.
La firme, qui comprend aussi une école d’animation, possède deux immeubles de studios (dont celui qui a été incendié) et son siège dans la préfecture de Kyoto. Elle emploie au total environ 160 personnes.
Le monde de l’animation bouleversé
Cet incendie a entraîné des réactions de tristesse et d’incompréhension de la part d’animateurs de renom, dont le réalisateur du long-métrage animé Your Name : « Vous tous, à Kyoto Animation, je vous en supplie, soyez saufs », a écrit sur son compte Twitter Makoto Shinkai, alors que le bilan des victimes n’était pas encore établi.
« Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? », s’est aussi interrogé Yutaka Yamamoto, qui fut un temps membre du studio de Kyoto Animation sur la série Lucky Star.
Source : Le Monde.fr