LETTRE DE KYOTO
Vêtement traditionnel pluriséculaire du Japon, le kimono refuse de céder sur ses complexes lettres de noblesse. Profitant de la pandémie de Covid-19, un consortium de Kyoto (à l’ouest du pays) réunissant, entre autres, l’Union des tisserands de Nishijin et de Tango – deux bastions de la soie –, la Confédération de Kyoto Yuzen, du nom d’une technique réputée de teinture, et le magasin spécialisé Tomoe, ont inauguré fin février le « Kyokimonogatari » (« histoire du kimono de Kyoto »).
Ce très riche site conçu avec la technologie Extended Reality, qui mêle réalité virtuelle, réalité augmentée ou encore captation 360 degrés, permet de découvrir « les beaux kimonos, les kimonos mignons, les ateliers de confection, l’histoire et les paysages de la ville », précise le consortium. Il plonge le visiteur dans l’univers de cette tenue dont le nom signifie littéralement « la chose que l’on porte ».
Fermeture des échoppes
L’initiative est financée par des fonds de soutien aux entreprises en période de pandémie. Depuis l’apparition du Covid-19, le port du kimono se perd, dans l’ancienne capitale nippone. Les occasions de le revêtir ont disparu des agendas et la baisse de 87,1 % en 2020 du tourisme étranger s’est traduite par la fermeture des échoppes de location de kimonos qui foisonnaient aux abords du quartier traditionnel de Gion aux façades de bois sombre et que fréquentent les maiko, les apprenties geishas, ou du très fréquenté temple vermillon Kiyomizu-dera.
Des jeunes venus de Chine, d’Asie du Sud-Est ou d’Occident revêtaient pour quelques heures un yukata – kimono de coton aux motifs inspirés de la nature et porté plutôt l’été – pour arpenter la ville. Cette vogue réduisant avantageusement la circulation des traditionnels ensembles tee-shirt-short-tongs faisait toutefois tiquer certains puristes. Le port du kimono obéit à des règles strictes et anciennes.
Influencé par les tenues portées en Chine, le kimono de soie ou de coton suit un patron unique, taillé dans un rouleau de tissu de 11 à 13 mètres de long et de 36 centimètres de large. Une fois revêtu, il est maintenu avec une large ceinture appelée « obi ».
Le kimono enveloppe le corps plus qu’il n’en souligne les formes. Seuls sont visibles le visage, le cou, la nuque, les mains et les avant-bras. Contraignant physiquement, son port est dicté par des règles complexes, liées à la saison, à l’âge ou encore à la circonstance. Pour la fête des 20 ans d’entrée dans l’âge adulte, les femmes portent un kimono dit « furisode », aux manches longues et aux couleurs chatoyantes.
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Source : Le Monde.fr