Bien que lointaine géographiquement, la guerre en Ukraine pourrait aiguiser les tensions régionales en Asie du Nord-Est. Des contentieux territoriaux entre Tokyo et Moscou, l’activisme de la Corée du Nord, qui a tiré un nouveau missile, dimanche 27 février, et n’exclut pas de reprendre ses essais nucléaires, ainsi que le rapprochement entre la Russie et la Chine inquiètent la Corée du Sud et le Japon. Alliés des Etats-Unis et géographiquement proches de la Russie, la Péninsule et l’Archipel entretiennent avec Moscou des relations géostratégiques délicates.
Le Japon n’a jamais signé de traité de paix avec la Russie à la suite de la défaite de 1945, en raison du différend sur la souveraineté de quatre îles de l’archipel des Kouriles, au nord d’Hokkaido, occupées par les Russes. Parvenir à un accord, en resserrant les liens économiques entre les deux pays, est un objectif majeur de la diplomatie nippone.
La Corée du Sud, pour sa part, maintient de bons rapports avec la Russie. Depuis 2015, les voyages entre les deux pays ne nécessitent pas de visa. Partenaires commerciaux, Russes et Sud-Coréens partagent des intérêts dans des projets économiques en Corée du Nord – ligne ferroviaire, gazoduc. Séoul a besoin d’entretenir de bons rapports avec Moscou qui, comme Pékin, pèse dans tout règlement de la question nucléaire nord-coréenne.
Relative prudence
Réagissant rapidement à l’attaque russe, le Japon a dénoncé une « atteinte inacceptable à la souveraineté de l’Ukraine » à même d’entamer « les fondations de l’ordre international ». Il a été prompt à adopter les mêmes sanctions que les Etats-Unis et leurs alliés.
Le premier ministre Fumio Kishida s’est ainsi démarqué de la réserve dont Tokyo avait fait preuve lors de l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014 – alors qu’il était lui-même ministre des affaires étrangères. Le Japon a annoncé des sanctions, dont des mesures visant le système financier russe, y compris sa participation au blocage de l’accès au système de paiement Swift de certaines banques russes.
En comparaison à l’Europe, le gouvernement nippon reste toutefois relativement prudent. Il n’a ainsi pas fermé son espace aérien aux avions russes. « Le Japon ne veut pas stopper ses investissements dans l’énergie en Russie qu’il considère comme une question de sécurité », estime James Brown, de l’université Temple à Tokyo. L’ambassadeur russe au Japon, Mikhail Galuzin, n’a pas manqué de rappeler que ces sanctions donneraient lieu à « des représailles sérieuses ».
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Source : Le Monde.fr