La Corée du Sud et le Japon, point d’ancrage de la stratégie américaine en Asie du Nord-Est, sont également engagés dans la politique visant à sanctionner et à isoler la Russie à la suite de l’invasion de l’Ukraine. Mais le soutien politique et militaire apporté par Washington à Kiev avait fait craindre à Séoul et à Tokyo un recentrage de la stratégie américaine sur l’Europe, au détriment de l’Indo-Pacifique.
En visite en Corée du Sud et au Japon, le président Joe Biden vient de s’efforcer de rassurer ses alliés, confrontés à une Chine perçue à Tokyo comme une menace et à une Corée du Nord revenue à une stratégie de la tension. « Pendant des décennies, notre alliance a été un pilier de paix, de croissance et de prospérité régionale. Aujourd’hui, notre coopération est essentielle pour préserver également la stabilité de la scène mondiale », a déclaré, samedi 21 mai, à Séoul, M. Biden, qui avait commencé en fin de semaine sa tournée par la capitale sud-coréenne.
L’alignement sur les Etats-Unis était attendu de la part de la Corée du Sud, où le nouveau président, Yoon Seok-youl, entend donner un « nouveau départ » à son pays en l’arrimant plus fortement à la nouvelle architecture économique et sécuritaire de l’Indo-Pacifique et en lui faisant jouer un rôle accru au niveau mondial.
M. Yoon a annoncé qu’il entendait se départir de la politique conciliante vis-à-vis de la République populaire démocratique de Corée de son prédécesseur, Moon Jae-in, qui misait sur la modération pour convaincre Pyongyang d’engager des négociations. Le président sud-coréen a ainsi annoncé que les manœuvres militaires conjointes américano-sud-coréennes seraient intensifiées et que le Conseil de stratégie et de dissuasion, mécanisme de haut niveau destiné à élargir le cadre des actions de dissuasion, mis en sommeil depuis janvier 2018, serait réactivé.
Hausse du budget japonais de la défense
Le président américain s’est pour sa part déclaré ouvert au dialogue avec Pyongyang, qui a fait savoir à plusieurs reprises que les pourparlers étaient vains tant que les Etats-Unis maintiendraient leur « politique hostile » (c’est-à-dire les sanctions). Un septième essai nucléaire nord-coréen, annoncé comme imminent par Washington, n’a cependant pas eu lieu au cours de la visite de Joe Biden à Séoul. Ce ne pourrait être que partie remise.
L’alignement sans faille sur les Etats-Unis a été plus inattendu dans le cas du Japon, qui joue généralement davantage la carte de la pondération en matière de relations internationales. Exprimant la crainte que « ce qui se passe en Ukraine puisse demain se produire en Asie de l’Est », le premier ministre, Fumio Kishida, fort du soutien de 61,5 % de la population en raison de sa fermeté sur la guerre en Ukraine, a appelé, à l’issue de ses entretiens avec le président américain, les alliés du Japon « et les pays qui partagent les mêmes valeurs à coopérer pour ne jamais tolérer l’utilisation de la force dans la région Indo-Pacifique ». « Nous nous opposons fermement à toute tentative de changer le statu quo par la force en mer de Chine orientale et méridionale », a-t-il ajouté
Il vous reste 53.85% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Source : Le Monde.fr