Alors que l’enquête se poursuit sur l’assassinat de Shinzo Abe, ciblé pour sa proximité avec la secte Moon, les funérailles de l’ancien premier ministre japonais se sont tenues dans l’intimité, mardi 12 juillet, au temple bouddhiste Zojo-ji, au cœur de Tokyo. Une veillée funèbre, ouverte au public, avait attiré, la veille, des centaines de personnes souhaitant rendre un dernier hommage à l’ancien chef de gouvernement tué à Nara alors qu’il prononçait un discours dans le cadre de la campagne pour les sénatoriales du 10 juillet. Elles pouvaient déposer des œillets blancs sur un autel orné de son portrait, souriant, en chemise blanche sans cravate.
Le premier ministre Fumio Kishida, s’y est rendu, comme la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, et le vice-président taïwanais, William Lai – la plus haute personnalité taïwanaise venue au Japon depuis la rupture des relations officielles, en 1972. De retour de Bali où il a participé à la réunion du G20, le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a ensuite fait escale à Tokyo pour rendre hommage à « un homme porteur d’une vision » qui « a fait plus que beaucoup pour renforcer les relations entre les Etats-Unis et le Japon ».
Le même jour, le Parti libéral-démocrate (PLD) au pouvoir se gardait de tout triomphalisme après sa large victoire aux sénatoriales. Pour l’annonce des résultats qui ont donné 63 sièges au PLD sur les 125 à pourvoir, M. Kishida portait une cravate sombre et un ruban noir à la boutonnière, signes de deuil. Il avait souhaité le maintien du scrutin qui « représente un fondement de notre démocratie, ébranlé par la violence ». Les drapeaux ont été mis en berne au Kantei, les bureaux du premier ministre.
Relations avec les mouvements religieux
Pendant ce temps, la police continue d’interroger Tetsuya Yamagami, l’auteur des coups de feu. L’ancien marin de 41 ans reprochait à M. Abe ses liens avec « une organisation » que les autorités se refusaient à citer, tout comme les grands médias, jusqu’à ce que les hebdomadaires et publications en ligne, moins timorés, révèlent qu’il s’agissait de l’Association du Saint-Esprit pour l’unification mondiale, également connue sous le nom de secte Moon. « J’ai ciblé M. Abe en raison de sa proximité avec l’Eglise de l’unification », a expliqué Tetsuya Yamagami, qui a nié l’avoir tué pour des raisons politiques.
La mère de M. Yamagami appartient à l’Eglise de l’unification à laquelle elle a consenti des dons importants ayant conduit à sa faillite personnelle, le 21 août 2002. D’après M. Yamagami, sa haine de M. Abe est due à ce que cet engagement – confirmé par la secte – a conduit à l’éclatement de sa famille. L’Eglise de l’unification a été créée en 1954 par le révérend sud-coréen Moon Sun-myung (1920-2012). Comptant près de trois millions de membres dans le monde, elle a été rebaptisée, en 2005, Fédération des familles pour la paix mondiale et l’unification.
Il vous reste 51.35% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Source : Le Monde.fr