Au siège de Nissan, à Yokohama (Japon), le 12 decembre 2019. Au siège de Nissan, à Yokohama (Japon), le 12 decembre 2019.

L’accord annoncé lundi 30 janvier est présenté par Renault et Nissan comme « l’ambition de renforcer les liens de l’Alliance et de maximiser la création de valeur pour toutes les parties prenantes ». Sans déchaîner les passions, l’entente est toutefois présentée par des médias japonais, ayant tendance à oublier que Nissan a été sauvé par Renault en 1999, comme le rétablissement d’une injustice. La chaîne TBS en parle ainsi comme de la mise en place d’une « relation égalitaire » mettant fin à « un “traité inégal” qui dure depuis plus de vingt ans ».

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Ce point de vue transparaît aussi dans le compte rendu de la chaîne publique NHK, qui parle d’une « relation capitalistique favorable à Renault pendant plus de vingt ans » qui « sera fondamentalement refondée » et de l’entrée « dans une nouvelle ère » de la relation entre les deux entreprises. De fait, l’alliance capitalistique mise en place entre Renault, Nissan et Mitsubishi pourrait devenir une simple alliance industrielle.

Le quotidien conservateur Sankei salue aussi la fin d’un traité inégal, Nissan, pourtant plus gros que Renault, étant privé de droit de vote chez son partenaire français. Le journal insiste en outre sur les craintes du groupe nippon de voir les brevets communs, notamment sur la conduite autonome et les batteries, devenir accessibles à d’autres entreprises avec lesquelles Renault souhaite s’associer, comme le fabricant de semi-conducteurs américain Qualcomm ou Google.

Difficultés persistantes

Kenji Momota, journaliste spécialisé dans l’automobile, rappelle à ce sujet qu’un tel accord n’était pas évident car « les deux groupes ne sont pas forts dans les mêmes régions, et n’ont pas les mêmes priorités ni positionnements, notamment sur l’électrique ». Puissant aux Etats-Unis ou en Chine, Nissan n’est pas nécessairement intéressé par l’électrique sur le marché européen, pourtant priorité de Renault, et ne goûte guère le rapprochement entre le constructeur français et le chinois Geely. « Il a dû être difficile de s’entendre sur des prises de participation acceptables par les deux parties. »

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L’annonce de l’accord intervient aussi alors que Nissan connaît des difficultés persistantes. Annoncées également le 30 janvier, les ventes de décembre 2022 ont reculé de 22,2 % sur un an. Pour l’exercice clos fin mars, le groupe attend des ventes en baisse de 7,5 % par rapport à l’exercice précédent, pour s’établir 3,7 millions d’unités. S’il a revu à la hausse son bénéfice annuel, attendu à 155 milliards de yens (1,1 milliard d’euros), c’est en raison de la dépréciation du yen. Le groupe nippon reste loin de ses performances passées. A l’exercice clos fin mars 2018, il avait écoulé 5,7 millions de véhicules.

Source : Le Monde.fr

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