Jusqu’en 2017, la politique commerciale des Etats-Unis était alignée avec leurs objectifs stratégiques. Ils étaient la première économie mondiale, la première puissance militaire mondiale, et leur alliance avec les pays européens et d’autres renforçait leur sécurité et sous-tendait la prospérité de tous. Ils exerçaient un leadership mondial grâce à des institutions telles que l’Organisation mondiale du commerce, veillant à un cadre juridique commun favorable à la croissance économique et aux échanges internationaux.
Vint alors Donald Trump qui ouvrit une ère de protectionnisme, s’aliénant sans nécessité nombre d’amis et d’alliés. Son successeur, Joe Biden, a tenté de réparer au moins en partie les dégâts, mais sans revenir sur beaucoup d’éléments-clés de la politique commerciale trumpienne.
La politique de Washington à l’égard du Japon, un de ses plus importants alliés, en est une bonne illustration. La sécurité de ce pays dépend de l’Amérique depuis la fin de la deuxième guerre mondiale. Lorsque Shinzo Abe était premier ministre, le Japon a renforcé ses capacités militaires et affiché une plus grande volonté de défendre ses alliés et ses intérêts stratégiques dans la région, notamment Taïwan, mais il a encore besoin du parapluie américain.
Deux « décennies perdues » de stagflation
Le Japon est aussi très dépendant du commerce, et joue un rôle économique essentiel en Asie et dans le reste du monde. Et maintenant que la Chine fait jouer ses muscles, le rôle du Japon est devenu aussi important sur le plan géopolitique que commercial.
Le Japon était un pays relativement pauvre avant la deuxième guerre mondiale et, en raison des destructions à grande échelle subies, il est sorti de la guerre encore plus pauvre. Mais, à la fin des années 1950, la reconstruction du pays et une politique économique appropriée ont inauguré trente ans de croissance phénoménale.
Dans les années 1980, il était devenu une puissance économique, ce qui a conduit d’autres pays à prendre des mesures protectionnistes à son encontre. Ce fut le cas de la restriction « volontaire » de l’exportation des véhicules produits au Japon, imposée en réalité par l’administration Reagan [président des Etats-Unis entre 1981 et 1989].
L’économie nippone est néanmoins restée en forte croissance. Mais son expansion sur trois décennies avait gonflé une bulle financière qui a fini par éclater en 1990, inaugurant deux « décennies perdues » de stagflation. La crise financière mondiale de 2008-2009 a porté un nouveau coup à l’économie. Au cours de la décennie suivante, son taux de croissance n’a augmenté que légèrement, avant de décliner à nouveau avec la pandémie de Covid-19.
Il vous reste 57.78% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Source : Le Monde.fr