Chronique. Comme les années précédentes, l’été 2023 aura été marqué par des catastrophes naturelles majeures, dont beaucoup sont liées au dérèglement climatique. Certes, ce n’est pas un phénomène nouveau mais, selon les données collectées par le réassureur Swiss Re, les dommages ont été multipliés par trois entre 1980 et aujourd’hui, pour atteindre en 2022 275 milliards de dollars environ (255 milliards d’euros) dans le monde entier, soit l’équivalent du produit intérieur brut (PIB) annuel d’un pays comme la Finlande.
Les conséquences physiques et humaines ne sont plus seulement locales ; elles représentent désormais un enjeu macroéconomique au niveau mondial. Les risques deviennent en effet de plus en plus systémiques dans une économie mondialisée. On comprend pourquoi les banques centrales se sont emparées du sujet : il y a là des menaces sur la dynamique des prix mais aussi sur la stabilité financière.
C’est dans ce contexte que la Banque de France a organisé le 27 juin à Paris un séminaire sur le thème Climate change, natural disasters, and financial risk : How could central banks integrate environmental issues into their policies ? (« changement climatique, désastres naturels et risque financier : comment les banques centrales pourraient-elles intégrer les questions environnementales dans leur politique ? »), réunissant des économistes, des banquiers centraux et des assureurs français, allemands et japonais.
Des risques financiers mais aussi productifs
Si le phénomène est mondial, toutes les régions ne sont pas affectées de la même façon. L’Asie est tout particulièrement concernée, comme l’a montré l’économiste japonais Yasuyuki Sawada : selon la Banque asiatique de développement, plus du tiers des catastrophes naturelles dans le monde depuis les années 1960 ont eu lieu sur ce continent. Des pays comme les Philippines, l’Inde et l’Indonésie cumulent aujourd’hui les risques les plus élevés.
Le premier enjeu est celui de la mesure de l’impact de ces catastrophes naturelles. De ce point de vue, les économistes ne sont pas toujours bien équipés puisque les mesures traditionnelles du PIB ont tendance à faire des destructions un facteur créateur de croissance, liée à la reconstruction.
Les risques eux-mêmes sont divers et liés au dynamisme de l’économie : financiers, mais aussi productifs, ce qui ne joue pas en faveur de l’Asie, centrale pour les chaînes de valeur mondiales : le risque est de plus en plus élevé quand des pans entiers de la production dans un secteur donné sont affectés suite à un événement climatique local.
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Source : Le Monde.fr