Axé sur la prévention des crimes, l’évolution de la criminalité dans le contexte de pandémie de Covid-19 et l’ouverture de la justice à des collaborations avec la société civile et le secteur privé, le 14e Congrès des Nations unies pour la prévention du crime et la justice pénale s’est terminé vendredi 12 mars à Kyoto (Japon) par un appel de la ministre nippone de la justice, Yoko Kamikawa, à « construire des sociétés justes, pacifiques et inclusives dans notre monde post-Covid-19 ».
Une gageure dans le contexte sanitaire qui a donné le ton de la déclaration finale de la rencontre, dans laquelle les 152 pays participants déplorent ses incidences sociales et économiques ayant « ouvert de nouvelles possibilités pour les criminels et les groupes criminels organisés, et transformé leurs modes opératoires ».
Outre l’augmentation des actes délictueux, piratage ou encore harcèlement, sur Internet, les participants ont mis en avant les violences faites aux femmes et aux enfants dans un contexte de confinement ou de télétravail. « Les statistiques ne montrent pas d’augmentation significative de ces violences mais, dans la réalité, il est évident que les victimes ont plus de difficultés à solliciter de l’aide », fait remarquer Valérie Lebaux, chef de la section de la justice au sein de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC, co-organisateur de la rencontre). Sur ces questions, ajoute Mme Lebaux, la pandémie a permis de « faire la lumière, dans la justice pénale, sur des déficiences préexistantes ».
Justice pénale équitable
Le Covid-19 a également permis d’aborder les problèmes inhérents aux prisons, vulnérables face à la propagation du virus. En France, la prison de Lille-Sequedin a été classée le 2 mars comme foyer de contamination. Fin décembre 2020, près de 390 000 prisonniers avaient été testés positifs au Covid-19 aux Etats-Unis. Dans les établissements pénitentiaires, note la déclaration de Kyoto, le risque peut être « exacerbé par des problèmes persistants tels que la surpopulation carcérale et les mauvaises conditions de détention ».
La question du Covid-19 a également pesé sur le congrès lui-même, obligeant les organisateurs à reporter d’un an la rencontre tenue à Kyoto – initialement prévue en avril 2020 – et à choisir un format hybride, avec une partie des participants intervenant en ligne et les personnes présentes ayant interdiction de quitter le site.
Ce format a toutefois limité les échanges informels entre experts et réduit l’implication des organisations non gouvernementales (ONG), donnant une impression d’inachevé. La déclaration de Kyoto a fixé les grandes lignes pour les quatre années à venir en matière de prévention des crimes, de justice pénale et de respect du droit dans des domaines comme l’environnement, le terrorisme, la cybercriminalité ou encore la prise en compte des questions de genre, en s’appuyant sur les objectifs de développement durable de l’ONU, qui appellent notamment à une justice pénale équitable.
Il vous reste 34.53% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Source : Le Monde.fr