A la COP27, le Japon est aux abonnés absents. Certes, son ministre de l’environnement, Akihiro Nishimura, devait arriver samedi 12 novembre à Charm El-Cheikh (Egypte) après un vol à bord du « Green Jet » de la compagnie ANA – un Boeing 787 couvert d’une « peau de requin » améliorant la circulation de l’air, ce qui réduit la consommation de kérosène. L’archipel s’est aussi doté d’un stand où il promet « des solutions pour le monde ». Mais son premier ministre, Fumio Kishida, n’a pas fait le déplacement. Le chef de gouvernement « voulait venir mais n’a pas pu » en raison d’un agenda parlementaire chargé, dit-on à Tokyo.
Cette absence aux allures de désintérêt explique l’attribution au Japon le 9 novembre d’un « fossile du jour ». Ce « prix » est remis par le mouvement Climate Action Network (CAN) aux pays « qui font le maximum pour faire le minimum ». « Le gouvernement japonais consent d’énormes efforts pour exporter de fausses solutions », a regretté le CAN, entre autres par la promotion de centrales électriques au charbon et des investissements dans les combustibles fossiles.
Cinquième émetteur mondial de gaz à effet de serre, l’Archipel est qualifié de « merveille de greenwashing » par l’ONG Oil Change international (OCI), car il reste un important financier public des combustibles fossiles : 10,6 milliards de dollars par an en moyenne de 2019 à 2021. Il finance aussi massivement les projets gaziers, au Mozambique, aux Philippines ou encore en Australie et en Russie, qui, selon OCI, menacent la biodiversité et les moyens de subsistance de communautés locales. « Les financements japonais augmentent la dépendance des pays bénéficiaires aux combustibles fossiles, aggravant les crises climatique et énergétique et détruisant les moyens de subsistance des populations », condamne Ayumi Fukakusa, de la branche nippone de l’ONG Les Amis de la Terre.
Ambiguïtés
Ces critiques ne sont pas nouvelles. Le Japon a déjà obtenu des « fossiles du jour » aux COP25 et 26, pour ses financements des énergies fossiles et son attachement au charbon.
Elles mettent en évidence les ambiguïtés d’un pays où les émissions de gaz à effet de serre ont baissé sur un an de 5,1 % à l’exercice clos fin mars 2021, pour s’établir à 1 150 millions de tonnes d’équivalent dioxyde de carbone (Mt éq. CO2). Une évolution sans efforts réels car, précise le ministère de l’environnement, « le principal facteur est la diminution de la consommation d’énergie due à la réduction de la production et à la diminution des trafics passagers et de marchandises » pendant la pandémie de Covid-19. La baisse découle aussi du déclin démographique.
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Source : Le Monde.fr
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