Avec près de 100 films à son palmarès, l’actrice est devenue mondialement célèbre avec son rôle dans « Rashomon », d’Akira Kurosawa. Elle est morte le 12 mai, à l’âge de 95 ans
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Machiko Kyo « incarne parfaitement les femmes de n’importe quelle période de l’histoire, contemporaine ou ancienne, telles l’ère d’Edo (1603-1868), la période Heian (794-1185) ou celle de Tenpyo (729-749) ». Cet hommage à l’actrice japonaise morte, dimanche 12 mai, à Tokyo, date de 1961. Il est signé de l’écrivain Junichiro Tanizaki (1886-1965), ébloui par celle qui était déjà, à l’orée des années 1960, l’une des plus grandes interprètes d’un cinéma nippon qui vivait son âge d’or.
Outre son talent, l’auteur des Quatre sœurs avait une raison particulière de s’intéresser à l’actrice : son premier grand rôle au cinéma fut celui de Naomi, la sensuelle héroïne adolescente, avide de modernité et faisant tourner la tête d’un architecte trentenaire, de son roman Un amour insensé. L’ouvrage de 1924 est adapté par Keigo Kimura en 1949. Machiko Kyo vient d’intégrer les studios Daiei pour faire carrière dans le 7e art, nouvelle étape d’une existence très vite orientée vers le monde du spectacle.
L’actrice, de son vrai nom Motoko Yano, est née le 25 mars 1924 à Osaka. Ses parents se séparent quand elle n’a que 3 ans. Elle vit alors dans des conditions difficiles avec sa mère et sa grand-mère, ce qui l’amène à intégrer, en 1936, l’Osaka Shochiku Kagekidan, une troupe de music-hall entièrement composée de femmes. Elle fait ses débuts sur scène comme danseuse de revue. Pendant la guerre, sa maison est détruite deux fois par des bombardements. Elle persévère pourtant et se lance, en 1944, dans le cinéma, faisant ses premières apparitions à l’écran pour les studios Shochiku, avant de rejoindre, cinq ans plus tard, le rival, Daiei, où elle décroche son premier grand rôle, celui de Naomi.
Des films primés
Sa notoriété explose dès 1950 avec Rashomon, d’Akira Kurosawa. Elle y interprète Masago, femme du samouraï violée dans la forêt par le bandit joué par Toshiro Mifune. Ce film est le premier long-métrage japonais à obtenir, en 1951, le Lion d’or du Festival de Venise.
Machiko Kyo joue ensuite sous la direction de Kenji Mizoguchi, interprétant notamment Dame Wakasa, l’héroïne des Contes de la lune vague après la pluie en 1953 (Lion d’argent à Venise), puis, en 1956, Mickey, une prostituée occidentalisée et hédoniste de Yoshiwara, le quartier des plaisirs de Tokyo, dans La Rue de la honte. Elle est également Dame Kesa, l’héroïne de La Porte de l’enfer, de Teinosuke Kinugasa, Grand Prix au Festival de Cannes en 1954.
Source : Le Monde.fr