La Japonaise Ado va donner son premier concert en France, à Paris. Engagée dans une tournée mondiale, la jeune star nippone sera lundi 11 mars sur la scène d’un Zénith archi-comble. L’occasion de découvrir une chanteuse au parcours atypique, mystérieuse au point de se dissimuler derrière un avatar d’inspiration manga, où dominent le noir et le violet.
Née le 24 octobre 2002 à Tokyo, Ado – qui tient à son anonymat – s’intéresse à la musique depuis la découverte, sur le site de partage Niconico, du phénomène des utaite. Ce mot japonais qualifiait, autrefois, les chanteurs en général. Il définit aujourd’hui les personnes qui reprennent des chansons créées dans l’univers Vocaloid, du nom du logiciel de Yamaha qui permet de synthétiser des voix préenregistrées et de les associer à des avatars. Les plus connus sont Hatsune Miku et Kagamine Rin & Len, créés par Crypton Future Media, ou encore Sweet Ann et Big Al, nées dans les studios suédois de Power FX. Dans leurs vidéos, les utaite font des reprises sans montrer leur visage et en les illustrant d’animations de style manga.
« J’ai découvert l’existence des chanteurs utaite lorsque j’étais en cinquième ou sixième année d’école primaire. Ils ont complètement changé l’image que j’avais des “gens qui chantent”, expliquait Ado, en 2022, au quotidien Yomiuri. Avec l’utaite, vous ne savez pas quel genre de personnes sont les chanteurs. Parfois, vous ne connaissez même pas leur sexe ou leur âge. Ces personnes, qui utilisent des pseudonymes, sont cool et mystérieuses. Elles ressemblent à des animes, ce que je trouve génial. »
Contre la culture d’entreprise
Ado commence à composer au collège et devient elle-même utaite en 2017. Elle partage des vidéos de reprises avant d’élargir son répertoire en créant et en interprétant des chansons originales. Le nom Ado vient du kyogen, une forme de théâtre traditionnel japonais. Un ado y désigne le second rôle, après le shite, le rôle principal. « Au collège, nous avions un cours de kyogen. J’ai trouvé qu’Ado sonnait bien », assure la chanteuse, qui ajoute que la plus grande influence sur son travail vient de l’univers Disney.
Le 23 octobre 2020, la veille de son 18e anniversaire, elle sort le single numérique Usseewa écrit par Syudou, un producteur Vocaloid – lui aussi préférant l’anonymat d’un pseudo. Le clip, diffusé sur sa chaîne YouTube, atteint 5 millions de vues le 14 novembre, et les 40 millions le 23 janvier 2021.
Le phénomène suscite d’emblée des critiques. Le titre est une prononciation agressive de l’expression signifiant « tais-toi ». Le morceau est une attaque en règle contre la culture d’entreprise, les mornes trajets quotidiens, les emplois dénués de sens et même les soirées de beuverie entre collègues.
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Source : Le Monde.fr
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