L’émotion a gagné le Japon, pays peu habitué à la violence des armes à feu, après l’annonce du décès de l’ancien premier ministre libéral Shinzo Abe, touché, vendredi 8 juillet, par les tirs d’un ancien membre de la marine militaire. Le chef du gouvernement, Fumio Kishida, a dénoncé « un acte barbare, en pleine campagne électorale qui est la base de la démocratie ».
M. Abe a été la cible de coups de feu, vers 11 h 30 (4 h 30 à Paris), alors qu’il prononçait un discours public à un carrefour, près de la gare de Yamato-Saidaiji, à Nara, dans l’ouest du Japon. Il intervenait dans le cadre de la campagne pour les élections sénatoriales du dimanche 10 juillet. Son décès a été confirmé en fin d’après-midi au Japon. Pendant plusieurs heures, les autorités le disaient dans un état « inconnu ».
L’attaque qui l’a ciblée a immédiatement fait réagir la classe politique nippone. « Vouloir réduire au silence une voix par le meurtre est un défi à la démocratie. Je condamne catégoriquement cet acte », a déclaré Toshimitsu Motegi, le secrétaire général du Parti libéral, le PLD, au pouvoir. Une condamnation reprise par l’ensemble des responsables politiques. Natif de Nara, Sumio Mabuchi, du Parti démocrate constitutionnel (PDC, opposition) a fustigé une « violence inacceptable » et appelé à « l’établissement de la vérité ». Evoquant un « acte barbare », le secrétaire général du Parti communiste, Kazuo Shii, a qualifié d’« intolérable la violence pour supprimer une voix ».
Un pays non coutumier de telles attaques
Les réactions internationales ont afflué. Sur Twitter, le président français, Emmanuel Macron, s’est dit « profondément choqué par l’attaque odieuse dont Shinzo Abe a été victime ». Les Etats-Unis se sont dits « profondément préoccupés » par l’attaque par balle contre M. Abe, a déclaré le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken. La Chine et la Russie ont fait part de leur « choc ».
Participant, lui aussi, à la campagne des sénatoriales, M. Kishida a annulé sa tournée dans le département de Yamagata (Nord) pour rentrer à Tokyo. Le gouvernement a monté une cellule d’urgence, dans les bureaux du premier ministre, pour tenter de comprendre ce qui s’est passé.
« Un homme est arrivé par-derrière ; le premier coup de feu n’était qu’un bruit très fort et personne n’est tombé, mais, au moment du deuxième coup de feu, M. Abe s’est effondré. De nombreuses personnes se sont rassemblées autour de lui et lui ont fait un massage cardiaque », a expliqué, à la chaîne publique NHK, une femme présente au moment des faits. Blessé au cou et inconscient, M. Abe a été transporté à l’hôpital de la ville, avant d’être transféré par hélicoptère au centre hospitalier universitaire de Kashihara, voisine de Nara. Les secours ont rapidement fait état d’un arrêt cardio-respiratoire.
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Source : Le Monde.fr