Chronique. Les inégalités de revenus ont augmenté de façon substantielle au sein des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et la mobilité sociale y a fortement ralenti depuis trois décennies.

Cette situation est à l’origine d’un fort mécontentement social et d’une baisse de la confiance envers les institutions. Celle-ci est aggravée par des écarts systématiques entre les réalités statistiques, mesurées par des études convergentes sur ce sujet, et leur perception par les citoyens.

Cet écart explique en grande partie la difficulté qu’ont les gouvernements à obtenir un soutien en faveur de leurs politiques, même quand elles contribuent à réduire les inégalités. C’est pourquoi, afin de concevoir et d’implémenter des politiques qui soient soutenues par une majorité, il est essentiel de comprendre comment la perception des inégalités réelles influence la demande de redistribution.

Le plus important, c’est la croissance

Le cas japonais est particulièrement intéressant, car paradoxal : alors que le niveau réel des inégalités de revenus y est plus élevé que la moyenne de l’OCDE, leur perception y est plus faible. Cela provient principalement d’une forte croyance en l’égalité d’opportunités, même si celle-ci a sensiblement baissé parmi les jeunes. Cela explique pourquoi la demande pour la redistribution est plus faible au Japon qu’ailleurs.

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Lors d’une table ronde à Tokyo organisée par l’OCDE en collaboration avec le Japan Institute for Labour Policy and Training (JILPT) le 8 décembre 2022 (« Does Inequality Matter ? How People Perceive Economic Disparities and Social Mobility in Japan », Mana Nakazora (BNP Paribas Japon), membre du Conseil pour la politique économique et fiscale, a ainsi présenté une vision assez dominante parmi les élites japonaises, même après trente ans de stagnation économique : le plus important, c’est la croissance ; les inégalités ne font que découler du manque de croissance et d’opportunités.

Yuki Murohashi, directeur de la Japan Youth Conference, une organisation non gouvernementale de soutien à la jeunesse, a en revanche une interprétation radicalement différente : la faible demande pour la redistribution tient principalement au fait que les jeunes Japonais – parmi lesquels on trouve les plus défavorisés – ont renoncé à changer la société.

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Ce profond pessimisme apparaît dans une expression très en vogue au Japon, oya-gacha (« la loterie des parents »), désignant le fait que le destin des jeunes dépend en fait fondamentalement de leurs parents et de leur capacité financière à payer des études dans des écoles privées pour pouvoir accéder aux meilleures universités.

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Source : Le Monde.fr

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