Confronté à un scandale à l’ampleur croissante qui affecte sa popularité déjà dégradée, le premier ministre japonais, Fumio Kishida, remanie son gouvernement et promet d’« agir avec la célérité d’une boule de feu et de [se] tenir en première ligne pour restaurer la confiance du peuple ».
Il a remplacé, jeudi 14 décembre, quatre ministres impliqués dans une affaire de caisse noire au sein du Parti libéral démocrate (PLD) par des personnalités d’expérience voire qui lui sont proches. Son ancien chef de la diplomatie (2021-septembre 2023) et potentiel premier ministre, Yoshimasa Hayashi, a ainsi obtenu l’important poste de secrétariat général du gouvernement, à la place de Hirokazu Matsuno.
M. Kishida va aussi purger la direction du parti de cadres comme Koichi Hagiuda, chargé des questions politiques, ou Hiroshige Seko, chef des élus PLD au Sénat.
Le scandale, le pire depuis des décennies pour le PLD, secoue le parti depuis l’annonce, fin novembre, d’investigations lancées par le bureau d’enquêtes spéciales du parquet de Tokyo. La principale faction du PLD, la très conservatrice Seiwakai, autrefois dirigée par le premier ministre Shinzo Abe (2012-2020) et qui pèse sur l’orientation des politiques gouvernementales, aurait illégalement accumulé entre 2018 et 2022 un total de 500 millions de yens (3,2 millions d’euros). Les ministres et cadres remplacés en font tous partie. D’autres factions auraient fait de même, mais dans une moindre mesure.
L’argent est issu de la part des ventes de tickets pour les soirées de collectes de dons, dépassant des quotas fixés. Cet excédent n’aurait pas été déclaré. Certains élus auraient perçu jusqu’à 40 millions de yens.
Rejet d’une motion de censure
L’affaire n’épargne pas la veuve de Shinzo Abe, Akie Abe, qui aurait hérité de 340 millions de yens issus des activités politiques de son époux, dont une partie du système de caisse noire, le tout sans payer le moindre impôt. L’opération est légale car Mme Abe a succédé à son mari à la tête d’associations politiques et que les successions politiques entre membres d’une même famille sont exonérées, mais cela tombe au mauvais moment pour le PLD.
L’ampleur prise par le scandale de caisse noire a incité M. Kishida à demander aux cadres du PLD de ne plus organiser de soirées de collecte de fonds. Le chef du gouvernement a également choisi de démissionner de la tête de sa propre faction. « Le premier ministre ne devrait pas appartenir à une faction pendant son mandat », s’est-il justifié.
L’opposition a déposé mercredi une motion de censure contre le gouvernement, qui a été rejetée, faute de majorité. « Ce gouvernement n’a plus aucune légitimité et ne fonctionne plus », a toutefois déploré Kenta Izumi, le patron du Parti démocrate constitutionnel (PDC), la principale formation d’opposition.
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Source : Le Monde.fr