Fumio Kishida a pris la tête, lundi 4 octobre, du 100e gouvernement du Japon, avec en ligne de mire les élections législatives programmées le 31 octobre. Cette arrivée survient sur fond d’une déconnexion profonde entre la population et les élites politiques, aggravée par une gestion contestée de la pandémie de Covid-19.
Au cours de sa première conférence de presse, le nouveau chef du gouvernement a promis de construire, « avec la population, une nouvelle ère » caractérisée par « une nouvelle économie, une nouvelle vie quotidienne ». Il s’est dit prêt à « étudier une aide directe » aux personnes les plus affectées par la pandémie et souhaite la mise en place d’un système « réactif » de gestion de crise, permettant de répondre à des problèmes comme le SARS-CoV-2.
M. Kishida intervenait après une ultime cérémonie protocolaire au palais impérial ayant validé sa nomination. Son prédécesseur, Yoshihide Suga, avait démissionné plus tôt dans la journée, mettant fin à un mandat d’à peine plus d’un an. Le Parlement, réuni en session extraordinaire, a validé le choix de M. Kishida, cinq jours après son élection à la tête du Parti libéral-démocrate (PLD), au pouvoir.
Reflet des rivalités au sein du PLD
Pendant sa campagne, le nouveau dirigeant nippon avait déploré une « démocratie en crise », en raison d’une « confiance érodée dans la politique ». Il avait aussi plaidé pour un « nouveau capitalisme à la japonaise », consistant en un cercle vertueux de croissance et de redistribution.
Difficile pourtant d’imaginer son gouvernement séduire des Japonais, qui aspirent à une vraie politique de lutte contre la pandémie de Covid-19, un renforcement du système de santé – qui a montré ses limites pendant les pics de contaminations – et une amélioration du sort des personnes en situation précaire, principalement des jeunes, des mères célibataires et des personnes âgées.
Le nouveau cabinet nippon apparaît plus comme le reflet des rivalités au sein du PLD que comme une équipe répondant aux attentes de la population. Issu de la frange modérée du parti, M. Kishida pourrait voir ses marges de manœuvre contraintes par un cabinet composé de plusieurs proches de l’ancien premier ministre nationaliste Shinzo Abe (2006-2007 et 2012-2020) et de son ancien vice-premier ministre et ministre des finances Taro Aso. Ces deux poids lourds de la formation ont joué un rôle décisif dans l’élection de M. Kishida.
Le secrétariat général du gouvernement revient quant à lui à Hirokazu Matsuno, connu pour son négationnisme historique. Ce proche de M. Abe nie les crimes commis par l’armée impériale japonaise pendant la deuxième guerre mondiale. Portant les mêmes idées, Koichi Hagiuda quitte de son côté le ministère de l’éducation pour celui de l’économie. Taro Aso place l’un de ses dauphins au ministère des finances. Toshimitsu Motegi reste ministre des affaires étrangères et Nobuo Kishi, frère cadet de M. Abe, conserve le portefeuille de la défense.
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Source : Le Monde.fr