A la suite de l’annonce, le 4 avril, par la commission éthique du Parti libéral-démocrat (PLD) des mesures disciplinaires visant 39 de ses membres (allant de la suspension au non-endossement de candidature aux élections, voire à l’expulsion), s’ouvre pour le Japon une période d’incertitude politique. A commencer par le maintien au pouvoir du premier ministre, Fumio Kishida, dont le mandat de président du PLD – qui en fait ipso facto le premier ministre étant donné la majorité de son parti au Parlement – s’achève en septembre.
Au cours de ses soixante-neuf ans au pouvoir – excepté une courte alternance –, l’histoire du PLD a été émaillée de scandales financiers qui ont parfois emporté un premier ministre. Mais ces affaires étaient pour la plupart circonscrites à des cas de corruption ou d’enrichissement personnel. Cette fois, la crise est systémique, illustrant les dérives d’un pouvoir sans partage.
Elle a été déclenchée en novembre par les révélations sur l’existence des « caisses noires » des factions, ces regroupements de parlementaires autour d’un homme fort. Une partie des fonds collectés lors de réunions de soutien au PLD allait aux factions sans être déclarée, comme la loi le requiert.
Absence de transparence
Reflétant des sensibilités politiques diverses, les factions existent au sein de tous les partis au Japon. Mais, dans le cas du PLD, elles sont devenues un rouage essentiel de la gestion du pouvoir. Allant de la droite révisionniste au libéralisme bon teint, elles cultivent des clientèles (entreprises, associations professionnelles, organisations religieuses…), terreau de leur électorat. La compétition entre factions nourrit le débat interne et favorise les arbitrages, garantissant une alternance dans la course aux portefeuilles. Les montants dissimulés pour alimenter les « caisses noires » ne sont pas considérables (de 30 à 250 millions de yens, soit 180 000 à 1,5 million d’euros), mais ces pratiques sont révélatrices d’une absence de transparence qui nourrit le mécontentement de l’opinion.
Il est peu vraisemblable que les tractations en coulisses des caciques du PLD auxquelles a donné lieu la prise des sanctions contribuent à redresser l’image de M. Kishida, dont le taux de popularité frôle déjà les 20 %. L’immunité dont bénéficient certains élus suscite la colère d’autres membres du parti ainsi que des commentaires peu amènes sur les réseaux sociaux à l’égard du PLD : sept comptables et trois juristes ont été inculpés par la justice mais aucun dirigeant de faction : « on coupe la queue du lézard mais il continue à courir », dit un dicton.
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Source : Le Monde.fr