Le premier ministre, Yoshihide Suga, a annoncé, vendredi 3 septembre, qu’il renonçait à se représenter à la présidence du Parti libéral-démocrate (PLD), rejoignant les rangs de ces météoriques premiers ministres japonais qui ne font que passer au pouvoir. M. Suga, impopulaire dans l’opinion et lâché par les « barons » du parti, a jeté l’éponge en annonçant qu’il ne concourrait pas à l’élection pour la présidence de celui-ci, prévue le 29 septembre. La large majorité détenue par cette formation fait ipso facto de son président le premier ministre du pays. M. Suga estime ne pas avoir « l’énorme énergie » requise à la fois pour la campagne et pour lutter contre la pandémie de Covid-19. « J’ai dû choisir entre les deux. »
Ce retrait survient à deux jours de la clôture des Jeux paralympiques, dimanche 5 septembre, qui met fin à la parenthèse sportive et festive. L’événement tendait à détourner l’attention d’une détérioration de la situation sanitaire due à une recrudescence exponentielle de la contamination par le Covid-19 à travers le Japon, dont 21 des 47 départements, y compris Tokyo, sont placés sous état d’urgence.
En pleine cinquième vague de Covid-19, alarmante par le nombre de nouveaux cas dépassant les 20 000 par jour et la hausse des décès, les Japonais assistaient ces derniers jours à un pathétique jeu de pouvoir dans les coulisses du PLD, aux rebondissements (alliances, trahisons, double jeu) abondamment relayés par les médias. Ces luttes pour la désignation du président du PLD sont certes habituelles. Mais elles prenaient dans la situation actuelle un caractère quelque peu déplacé, alors que des malades du Covid-19 meurent chez eux, souvent seuls, faute d’avoir été admis dans des hôpitaux, qui manquent de lits. Soixante-cinq personnes sont décédées du Covid le 2 septembre, portant le nombre de morts à 16 216. Le tout sur fond de retard de la vaccination – 46,6 % de la population est pleinement vaccinée – en raison d’approvisionnements tardifs et d’un dépistage poussif.
M. Suga a succédé en septembre 2020 à Shinzo Abe (2012-2020), démissionnaire. Il devait assurer jusqu’au 30 septembre la troisième et dernière année du mandat de président du PLD, auquel M. Abe avait renoncé. Or, la campagne interne au PLD pour élire son nouveau dirigeant se mène avec comme perspective les élections législatives, prévues d’ici à fin novembre.
Etats d’urgence « inefficaces »
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Source : Le Monde.fr