Le coût du « Daijosai », s’élevant à plus de 200 millions d’euros est vivement critiqué par les défenseurs de la séparation de la religion et de l’Etat.
En habit traditionnel blanc, symbole de pureté, l’empereur Naruhito a commencé, à la nuit tombée, jeudi 14 novembre, une retraite qui doit durer jusqu’à l’aube du lendemain dans un pavillon à l’architecture de bois, construit à cet effet dans l’enceinte du palais impérial.
Le Daijosai, « grand rituel de la dégustation des prémices », auquel chaque empereur se livre après son intronisation, est la dernière des cérémonies qui ont marqué l’avènement de Naruhito, le 1er mai, à la suite de l’abdication de son père, puis son intronisation le 22 octobre. La plus ésotérique aussi.
Ce rituel, au cours duquel l’empereur offre à ses ancêtres divins le premier riz de l’année, est la consécration de celui-ci par les divinités. Dans la démocratie laïque qu’est le Japon, dont la Constitution stipule la séparation de la religion et de l’Etat, le grand rituel des prémices est emblématique de l’ambiguïté du statut impérial.
Le riz offert au cours du Daijosai provient de deux provinces désignées par des devins après avoir observé la déformation des carapaces de tortue chauffées au feu
Organe de l’Etat dont, selon la loi fondamentale, il est le « symbole », sans la moindre fonction politique autre que protocolaire, l’empereur est aussi une figure religieuse tutélaire se livrant, à titre privé, à des rites du culte shinto (polythéisme vénérant les forces de nature) qui coexiste avec le bouddhisme, arrivé au Japon au VIe siècle, et les autres religions.
Chaque année en novembre, l’empereur présente ainsi en offrande aux divinités les premiers grains de riz de l’année. Le rituel de Daijosai a la même signification, mais il n’a lieu qu’une fois par règne à l’avènement d’un nouvel empereur et, par son cérémonial, il revêt une signification symbolique particulière de communion avec les divinités. Remontant au VIIe siècle, il a pour origine des rites agraires immémoriaux. L’une des principales fonctions du souverain consistait alors à prier les divinités pour avoir une récolte abondante.
Le riz offert au cours de ce rituel provient de deux provinces désignées par des devins après avoir observé la déformation des carapaces de tortue chauffées au feu. Dans un pavillon éclairé de lampes à huile, l’empereur, assisté de prêtresses, dépose les offrandes en riz sur des feuilles.
Source : Le Monde.fr