Alors que la Corée du Nord qualifiait, samedi 8 octobre, d’exercices « réguliers d’autodéfense » ses récents tirs de missiles et que se poursuivaient d’importantes manœuvres navales entre Américains et Sud-Coréens autour de la péninsule coréenne, le Japon s’interroge sur les dysfonctionnements de son système d’alerte aux tirs de missiles et sur l’usage qui en est fait par les autorités.
« Nous prenons le problème très au sérieux » et « nous ferons tout pour qu’il ne se reproduise pas », a ainsi déclaré vendredi, au Parlement, le premier ministre, Fumio Kishida, en réponse à une question de l’opposition. Auparavant, le porte-parole du gouvernement, Hirokazu Matsuno, avait présenté des excuses pour « avoir causé inutilement des inquiétudes ».
Baptisé J-Alert, le système a été créé en 2007 par l’agence de gestion des catastrophes pour transmettre, par satellite, les alertes aux séismes ou autres tsunami, voire aux attaques terroristes. Il sert aussi à chaque fois qu’un missile menace d’atteindre le territoire japonais ou de passer au-dessus de l’Archipel. Ce fut le cas le 4 octobre avec le missile balistique de portée intermédiaire tiré par la Corée du Nord.
Les habitants des départements d’Aomori et d’Hokkaido (Nord) mais aussi d’îles du Pacifique dépendant du département de Tokyo ont été réveillés par des messages sur leurs téléphones portables : « Un missile a été tiré, un missile a été tiré », accompagnés d’exhortations à se réfugier immédiatement dans un abri souterrain. Ces messages ont été relayés par la télévision, par haut-parleurs et sur des panneaux routiers. La circulation des trains, dont celle des shinkansen, a été interrompue dans les régions concernées.
Interrogations sur l’utilité de J-Alert
Or il apparaît que l’alerte a été mal calibrée. Il n’y avait aucune raison d’impliquer les îles du Pacifique. Elle a aussi été tardive. Le missile a décollé à 7 h 23. J-Alert a été activé entre 7 h 27 et 7 h 29, alors que le missile s’apprêtait à s’abîmer dans l’océan Pacifique, à plus de 3 000 kilomètres à l’est de l’Archipel. Il semble également que l’engin volait si haut – à 970 kilomètres d’altitude, plus de deux fois l’orbite de la station spatiale internationale – qu’il ne représentait aucun danger pour le Japon.
En outre, l’alerte rappelle que seules 1,4 % des 94 000 installations d’évacuation du pays, notamment des écoles et des centres communautaires, disposent de sous-sols pouvant offrir un abri, selon les données du gouvernement. L’activation du système J-Alert suscite aussi des interrogations sur son utilité. Certains l’approuvent en raison des inquiétudes suscitées par les missiles risquant de tomber sur le Japon.
Il vous reste 42.18% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Source : Le Monde.fr