La hausse des prix fragilise les finances des maisons de retraite japonaises, déjà confrontées à une pénurie croissante de personnel sur fond de vieillissement accéléré de la population. Dans les années qui viennent, 27 % de ces 11 575 établissements pourraient faire faillite, si la flambée des prix des services et des biens se poursuit, révèle une enquête menée par Minkaikyo, une association de prestataires de soins aux personnes âgées. « Les maisons de retraite ne sont pas en mesure de répercuter les augmentations de coûts sur les consommateurs de la même manière que les autres entreprises », commente l’association.
Selon l’enquête, 64,3 % des établissements consultés estiment pouvoir surmonter le problème en économisant sur l’électricité ou en renonçant aux augmentations de salaires et aux primes. La hausse des coûts a déjà contraint 16,2 % d’entre eux de réduire leur personnel et de suspendre les nouvelles embauches.
Pas de quoi rassurer pour la qualité des services, alors que le ministère de la santé a enregistré un chiffre record de 2 390 cas d’abus de personnes âgées, dont deux décès, au cours de l’exercice clos fin mars 2022. Ce chiffre est en hausse de 14 % par rapport à l’exercice précédent. Et 51,5 % des victimes ont subi des violences physiques, 38,1 % des violences psychologiques et 23,9 % des manques des soins. Triste record : 332 personnes auraient été entravées.
« Il était surmené »
Si la hausse des abus découle en partie du fait que le ministère encourage les signalements, elle témoigne aussi de problèmes durables de formation, de gestion du stress, voire de l’existence d’un environnement favorisant les actes de maltraitance. En 2019, un soignant avait poignardé un pensionnaire qui ne pouvait pas communiquer en raison de problèmes de démence. La même année, un aide-soignant avait été arrêté pour avoir agressé un résident d’une maison de retraite gérée par la Gero Welfare Association, dans le département de Gifu (centre). « Il était surmené en raison de la pénurie de main-d’œuvre », avait admis Toshihiko Kumazaki, le directeur de l’association.
Face à ces actes, le ministère de la santé a ajouté, en 2021, aux obligations imposées aux maisons de retraite d’organiser des sessions régulières de formation sur la prévention de la maltraitance. Ces séances devraient devenir obligatoires à partir de l’exercice 2024. Les établissements pour personnes âgées doivent aussi mettre en place un système permettant de signaler rapidement aux municipalités les cas de maltraitance ou de suspicion de maltraitance.
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Source : Le Monde.fr