Au Japon, omerta après les révélations sur les abus sexuels commis au sein de l’agence de boys band Johnny’s

Le scandale des abus sexuels au sein de la puissante agence japonaise de boys band Johnny & Associates, surnommée Johnny’s, pourrait s’inviter dans l’épopée des rugbymen japonais à la Coupe du monde organisée en France du 8 septembre au 28 octobre. Les Brave Blossoms, dont la composition a été dévoilée mardi 15 août lors d’un événement devant la gare de Tokyo, feront l’objet d’une large couverture médiatique nippone, notamment par la voix de Sho Sakurai, star du boys band Arashi, formé à la fin des années 1990 par l’agence Johnny’s, mais aussi présentateur vedette d’émissions de la chaîne Nippon TV.

Sans être soupçonné de complicité des abus commis par Johnny Kitagawa (1931-2019), le fondateur, en 1962, de l’agence autrefois surnommée « l’usine des hommes charmants », M. Sakurai n’a jamais exprimé de réel soutien aux victimes de cet homme depuis les révélations du scandale en mars par la BBC. Il a simplement demandé début juin de « veiller à ce que ce genre de scandale ne se reproduise plus jamais ». La question se pose pourtant de la connaissance qu’il avait des abus dénoncés par certains anciens pensionnaires de l’agence, dont Akimasa Nihongi, avec lequel il a formé le groupe Tsubasa Shogumi quand ils étaient adolescents, dans le cadre du programme Johnny’s Junior.

L’absence de questionnements, comme le maintien des activités des boys band de Johnny’s, donnent le sentiment d’un « business as usual » des médias japonais envers l’agence, ce qui tendrait à confirmer les impressions formulées le 4 août par deux experts du Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies. Damilola Olawuyi et Pichamon Yeophantong ont enquêté pendant deux semaines à la demande du gouvernement nippon sur le scandale Johnny’s et le monde du divertissement et des médias.

Leurs investigations ont révélé des allégations « profondément alarmantes » d’exploitation et d’abus sexuels impliquant des centaines de jeunes garçons de Johnny’s. Ils évoquent même une campagne d’exploitation et d’abus sexuels à grande échelle. Les deux experts ont par ailleurs critiqué les médias japonais qui ont gardé le silence à ce sujet alors que plusieurs ex-membres de Johnny’s ont cherché à révéler les abus dès les années 1980.

« Inaction perçue du gouvernement »

Mme Yeophantong a par ailleurs dénoncé « l’inaction perçue du gouvernement et des entreprises impliquées » dans la réponse aux victimes, ce qui « met en évidence la nécessité pour le gouvernement, en tant que premier responsable, de garantir la transparence des enquêtes », mais aussi de venir en aide aux victimes. Les experts onusiens émettent en effet « des doutes persistants sur la transparence et la légitimité de l’équipe spéciale mise en place par l’agence Johnny’s » pour enquêter sur les abus.

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Source : Le Monde.fr

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