En théorie, l’ancien dirigeant de la marque au Losange pourrait percevoir un total de 6,2 millions d’euros. En réalité, cela devrait être moins. Explications.
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Lorsque les administrateurs de Renault ont révoqué, vendredi 11 octobre, le directeur général, Thierry Bolloré, ils n’ont pas eu le temps de discuter du montant des indemnités et rémunérations que pourrait percevoir le dirigeant partant. Ce sera fait lors d’un prochain conseil du groupe au losange. On peut toutefois déjà essayer d’évaluer le montant que le comité des rémunérations décidera de verser.
M. Bolloré touchera sa rémunération pour l’année 2019 mais à proportion de sa présence chez Renault en tant que mandataire social, soit un peu moins de neuf mois, entre le 24 janvier et le 11 octobre. Il y a d’abord son salaire fixe, établi à 900 000 euros pour l’ensemble de l’année, qu’il a en fait déjà perçu mensuellement (soit un peu moins de 650 000 euros en tout).
Une clause de non-concurrence
Il y a ensuite sa rémunération variable pour l’année 2019 (elle peut atteindre au maximum 125 % de son fixe, soit 800 000 euros pour ses huit mois et demi de présence). Elle est versée après approbation de l’assemblée générale. Là c’est un peu plus compliqué car cette rémunération dépend de critères quantifiables et qualitatifs que le conseil d’administration doit évaluer : atteinte d’objectifs financiers (chiffre d’affaires, marge, flux de trésorerie…) et managériaux (qualité des engagements environnementaux par exemple).
Il y a, enfin, le versement de 50 000 actions de performance de long terme (valeur de 2,6 millions d’euros au cours actuel, 1,8 million prorata temporis), dont l’attribution dépend aussi de critères (nombre de véhicules électriques vendus, production sur les plateformes de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi). Et il y a en plus une autre variable : ces actions ne peuvent être attribuées si la révocation est liée à une faute grave ou lourde. A noter : M. Bolloré n’avait pas intérêt à démissionner car, dans ce cas, les règles de rémunération prévoient une perte totale des actions de performance.
Par ailleurs, Thierry Bolloré bénéficie d’une clause de non-concurrence. S’il ne travaille pas dans le secteur automobile les deux prochaines années, il peut toucher deux ans de rémunération fixe et variable, soit 3 millions d’euros maximum, en tenant compte là aussi du temps passé chez Renault comme directeur général.
Assis sur des performances financières
En revanche, la généreuse retraite chapeau prévue dans le contrat de l’ex-directeur général (56 ans aujourd’hui) ne pourra pas lui être attribuée car le bénéficiaire doit être dans les murs au moment où il fait valoir ses droits à la retraite. En matière de pension, il ne pourra bénéficier que d’une retraite classique assise sur sa rémunération de directeur général, soit 16 000 euros par an selon les estimations du cabinet Proxinvest.
Source : Le Monde.fr