Une certaine confusion et un parfum de scandale entourent la campagne « Go To Travel », lancée, mercredi 22 juillet, par le Japon pour soutenir son industrie touristique, très affectée par la pandémie de Covid-19. L’initiative vise à « répondre aux demandes d’un secteur en grandes difficultés », a déclaré le vice-ministre du tourisme, Masamune Wada.
Dans ce cadre, le gouvernement prend en charge la moitié du coût d’un séjour dans la limite de 20 000 yens (162 euros) par personne et par jour. Et 30 % du remboursement se fait sous la forme de coupons échangeables dans des restaurants, des parcs d’attractions ou des magasins de souvenirs. L’opération doit durer jusqu’au printemps 2021 et coûter 1 300 milliards de yens.
Elle est pourtant contestée à cause de la résurgence des contaminations, principalement à Tokyo, où plus de 200 cas sont détectés quasi quotidiennement depuis le 9 juillet, contre une quarantaine en juin. La nouvelle vague, dans un pays qui totalise près de 27 000 cas pour 1 000 décès, a suscité des critiques.
« Aucun problème hors de Tokyo »
Selon un sondage publié le 20 juillet dans le quotidien Asahi, 74 % des Japonais plaident pour l’annulation de « Go To Travel », car la pandémie n’est pas « sous contrôle ». « Si la campagne provoquait une augmentation des infections dans les régions, le gouvernement serait responsable de cette catastrophe », a déclaré Jun Azumi, membre du Parti démocratique constitutionnel, formation d’opposition, en écho aux inquiétudes formulées par nombre d’élus locaux.
Le gouvernement l’a maintenue, car, selon son porte-parole, Yoshihide Suga, « les experts disent qu’il n’y a aucun problème hors de Tokyo pour mettre en œuvre la campagne ». Les autorités ont toutefois exclu de l’opération les voyages depuis ou vers Tokyo, une décision à l’origine d’un imbroglio. Le ministre du tourisme, Kazuyoshi Akaba, a annoncé, mardi 21 juillet, la prise en charge des frais d’annulation des réservations faites avant l’exclusion de Tokyo. Quatre jours auparavant, il s’y refusait.
Série de recommandations
En parallèle, le gouvernement a émis une série de recommandations strictes, déconseillant les voyages de groupes de personnes âgées ou d’enfants en bas âge. Les hôtels doivent prendre la température de tous les visiteurs et les buffets doivent être limités au maximum.
L’entêtement des autorités tient à des questions économiques, dans un pays où le nombre de visiteurs étrangers a plongé de 99 % à cause de la fermeture des frontières décidée en réaction à la pandémie. Il s’agit de répondre aux inquiétudes d’un secteur qui a vu 25 sociétés spécialisées dans l’hôtellerie faire faillite pour le seul mois d’avril, contre deux en avril 2019.
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Source : Le Monde.fr