Coronavirus : le Japon se résout à décréter l’état d’urgence face à l’épidémie

Le premier ministre japonais Shinzo Abe (à gauche) lors d’une réunion spéciale consacrée aux mesures prises pour contrer l’épidémie de coronavirus, le 6 avril. Franck Robichon / AP

Sous pression, le premier ministre japonais, Shinzo Abe, s’est résolu à déclarer l’état d’urgence pour tenter d’endiguer les contaminations au Covid-19. La mesure, qui devait être officiellement annoncée mardi 7 avril, concernera les sept villes et départements les plus touchés par le virus, à commencer par Tokyo et Osaka. Elle « devrait s’appliquer un mois », avait déjà expliqué la veille M. Abe, et « vise à s’assurer que le système médical tient et à mobiliser la population pour éviter les contacts et réduire autant que possible les contaminations ».

Sa mise en place s’accompagnera d’un plan de soutien « sans précédent » à l’économie, qui a enregistré un repli de 7,1 % en glissement annuel au dernier trimestre 2019 et devrait souffrir encore davantage de l’état d’urgence. Le gouvernement a présenté une enveloppe de 108 000 milliards de yens, soit 916 milliards d’euros, l’équivalent de 20 % du PIB nippon.

Ce projet devrait s’appliquer en deux temps. Dans l’immédiat, il prévoit des versements en espèces d’un total de plus de 6 000 milliards de yens (51 milliards d’euros) aux ménages et aux petites et moyennes entreprises (PME) rencontrant des difficultés. Des facilités sont également prévues pour que les PME aient accès à des prêts à taux zéro afin de maintenir l’emploi. Dans un second temps, les aides devront permettre d’accélérer la reprise de l’activité.

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Appliqué selon une révision du 13 mars de la loi sur les maladies contagieuses, l’état d’urgence renforce les pouvoirs des autorités locales, qui peuvent désormais appeler la population à rester confinée et les entreprises, les écoles ou autres salles de spectacles à fermer. La législation ne leur permet pas d’imposer de sanctions, des amendes par exemple, mais, au Japon, une demande des autorités appuyée sur la loi équivaut à une exigence. Et il existe des moyens de persuasion : le nom des entreprises refusant de se plier à une demande de fermeture devrait être rendu public.

Le texte permet également aux autorités locales de réquisitionner des terrains ou des bâtiments, voire des stocks de médicaments, de matériel médical ou de produits alimentaires. Dans ce cadre, un refus des propriétaires et des exploitants les expose à des amendes, voire à des peines de prison.

Situation « particulièrement tendue »

La déclaration d’état d’urgence constitue un revirement de M. Abe, qui estimait jusqu’au 3 avril que le nombre de contaminations ne justifiait pas une telle annonce. D’après la loi, il est possible de déclarer l’état d’urgence quand, lors d’une épidémie, « la fréquence des cas très graves dépasse de beaucoup ceux d’une grippe saisonnière particulièrement contagieuse ».

Source : Le Monde.fr

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