La succession du premier ministre japonais, Shinzo Abe, est entrée dans sa phase finale avec l’annonce de la tenue, lundi 14 septembre, de l’élection du nouveau président du Parti libéral-démocrate (PLD) et l’annonce, mercredi 2 septembre, de la candidature de Yoshihide Suga, chef du secrétariat du premier ministre et porte-parole du gouvernement, promettant d’agir « sans tarder » pour « redonner confiance à la population ». Le parti étant majoritaire au Parlement, son futur chef prendra la tête du gouvernement.
Fidèle lieutenant du premier ministre sortant, dont il veut « poursuivre l’action, en allant plus loin », M. Suga, 71 ans, est donné favori par la presse en raison du soutien dont il bénéficie de la part des plus importantes factions du PLD. Arguant de l’urgence de combler le vide politique causé par la démission soudaine pour raison de santé, le 28 août, de M. Abe qui n’avait pas laissé émerger de successeur clair − à dessein pour maintenir son autorité jusqu’au terme de son mandat en septembre 2021 − , la direction du parti majoritaire a ramené la sélection de son successeur à une procédure « simplifiée », selon les termes de son secrétaire général Toshihiro Nikai, n’impliquant que les parlementaires et les délégués régionaux du parti. Les adhérents pourront s’exprimer mais, selon la pondération des voix choisie pour ce scrutin, leur vote n’aura aucune influence.
Continuité
Cette procédure, certes prévue en cas d’urgence dans les statuts du PLD, dessert un autre candidat, Shigeru Ishiba, ancien ministre de la défense, qui ne ménage pas les critiques à l’encontre de Shinzo Abe qu’il affronta en 2018 dans l’élection à la tête du PLD. Une position qui lui vaut une certaine popularité dans les sondages.
Le troisième candidat, Fumio Kishida, ancien ministre des affaires étrangères, se présente pour prendre date en vue d’une succession future car il n’a pas la moindre chance d’être élu. Un autre candidat potentiel, Taro Kono, ministre de la défense, a renoncé à se présenter. Avec la candidature officielle de Yoshihide Suga, les jeux semblent donc faits. A moins d’un coup de théâtre, rare dans la politique japonaise.
M. Suga n’incarne pas le changement mais la continuité et c’est pour cela qu’il a été choisi par les caciques du PLD. N’ayant jamais détenu un grand portefeuille (finances, affaires étrangères), comme c’est le cas généralement des prétendants au poste de premier ministre, et n’appartenant pas à une grande dynastie politique, ce fils d’agriculteurs du Tohoku (au nord de l’île principale de Honshu) a pour lui d’avoir été un pilier de l’administration Abe. Il a verrouillé la communication et recentré les prises de décisions sur le bureau du premier ministre. Afin de mettre au pas les hauts fonctionnaires qui avaient fortement contribué à la chute de précédents cabinets, il a, par une révision législative de 2014, soumis leurs nominations et carrières à l’aval de son secrétariat. Les allégeances pèsent parfois plus que les compétences.
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Source : Le Monde.fr
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