« Saké, ok ! » Plus ou moins voyantes, parfois ostentatoires, ces affichettes à l’entrée de restaurants de Tokyo sont un pied de nez aux autorités : elles contreviennent aux directives gouvernementales de ne pas servir d’alcool après 19 heures, et la plupart de ces établissements ne respectent pas non plus la recommandation de fermer à 20 heures.
Après Tokyo, les trois départements limitrophes de la capitale (Chiba, Kanagawa et Saitama) ont été placés depuis le 2 août en état d’urgence à la suite d’une envolée de la contamination (12 000 cas au plan national). Mais la fronde des bistrotiers ne faiblit pas. Même dans les quartiers nocturnes un peu mornes par les temps qui courent, comme celui de Ueno, où de jeunes hôtesses arpentent le pavé en milieu de soirée pour rameuter de rares passants avec des pancartes offrant des rabais sur les consommations. « Vous servez de l’alcool ? » Sourire. « Bien sûr ! » répond l’une d’elles.
Au coude à coude
A Kabukicho, le grand quartier nocturne de Tokyo dans l’arrondissement de Shinjuku, la fête de la nuit battait son plein, samedi, avec ses lumières et ses foules, ses bars au coude à coude, ses volées de musique disco et ses bistrots ouverts jusqu’à une heure avancée. Inutile de demander si ces établissements servent de l’alcool : il suffit de voir les bocks de bière sur les comptoirs et de croiser quelques individus éméchés pour s’en convaincre.
A Shibuya, quartier jeune, règne la même liesse. « Shibuya, la nuit : restriction, avez-vous dit… » titrait en « une » le quotidien Asahi dans son édition vespérale du 31 juillet. Dans les parcs, filles et garçons, assis en cercle bavardent et boivent de la bière en regardant les épreuves des Jeux olympiques sur leurs portables. « C’est aéré ici, on ne risque rien », dit une jeune femme accompagnée d’une amie, canette de bière à la main, tandis que retentissent à côté d’elles des hourras de victoire non loin de l’écriteau « Merci de ne pas consommer d’alcool ». Chaque nuit, poursuit le quotidien, il y a de telles « soirées JO » dans les parcs.
Des millions de Japonais restent certes chez eux, conformément aux injonctions du gouvernement, mais beaucoup n’en font pas autant. Les bistrotiers répondent-ils à la demande ? Ou est-ce parce qu’il y a une offre que les clients consomment ? Il est probable que les deux facteurs se conjuguent.
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Source : Le Monde.fr