La Corée du Nord a tiré jeudi 15 juin deux missiles de courte portée qui sont tombés dans la zone économique exclusive (ZEE) du Japon, peu de temps après que Pyongyang a averti qu’il y aurait « inévitablement » une réponse aux manœuvres militaires américano-sud-coréennes en cours. Cette zone est un vaste espace maritime autour de l’archipel nippon qui s’étend jusqu’à 200 milles nautiques (370 kilomètres) au-delà des eaux territoriales japonaises.
Le premier ministre japonais, Fumio Kishida, a précisé que ces tirs n’avaient pas causé de dommages, tout en les condamnant fermement. Ceux-ci « violent des résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies et constituent un acte irréfléchi qui aggrave les provocations [de Pyongyang] à l’encontre de la communauté internationale », a déclaré M. Kishida à la presse. Le Japon a « fermement protesté » auprès de la Corée du Nord, a-t-il ajouté.
A Séoul, l’état-major interarmées a expliqué avoir détecté le tir de « deux missiles balistiques de courte portée de la région de Sunan vers la mer de l’Est [la mer du Japon] entre 19 h 25 et 19 h 37 [12 h 25 et 12 h 37, à Paris] ». « Nous avons renforcé la surveillance en cas de nouvelles provocations et restons prêts en étroite coordination avec les Etats-Unis », a-t-il encore dit.
Les exercices militaires conjoints crispent le Nord
Les relations entre les deux Corées sont au niveau le plus bas depuis des années, la diplomatie étant au point mort et le chef du régime nord-coréen, Kim Jong-un, a proclamé que son pays est de façon « irréversible » une puissance nucléaire. Il a en outre appelé à accélérer la production d’armements.
La Corée du Nord, qui s’est dotée au fil du temps d’ogives nucléaires, avait déjà effectué plusieurs tirs de missiles cette année, testant en particulier ses engins balistiques intercontinentaux les plus puissants. En réponse, la Corée du Sud a intensifié sa coopération dans le domaine de la défense avec les Etats-Unis, en organisant régulièrement des manœuvres militaires communes de grande ampleur.
Pyongyang les considère comme autant de répétitions en vue d’une invasion. Celles qui ont actuellement lieu, des exercices à tirs réels dits d’« annihilation », « ciblent la RPDC [la Corée du Nord] en mobilisant massivement divers types d’armes et d’équipements offensifs », a lancé jeudi un porte-parole du ministère de la défense nord-coréen dans un communiqué. « Notre réponse à cela est inévitable », a-t-il mis en garde. « Nos forces armées s’opposeront pleinement à toute forme d’action démonstrative et de provocation des ennemis. »
Protestation après la plainte déposée par la Corée du Sud ?
Mercredi, la Corée du Sud a par ailleurs déposé une plainte dans laquelle elle réclame des dommages et intérêts à la Corée du Nord pour la démolition il y a trois ans d’un bureau de liaison. Ce dernier avait été installé en 2018 avec un financement de Séoul dans une zone industrielle près de la frontière sur le territoire nord-coréen, Moon Jae-in, le président sud-coréen de l’époque, souhaitait obtenir une percée diplomatique avec Pyongyang.
Mais après l’effondrement de ce processus et la détérioration des relations bilatérales, la Corée du Nord a démoli le bâtiment en juin 2020. « Compte tenu du moment où il s’est produit, le dernier tir [de missiles] en date semble être l’expression du mécontentement ou de la protestation du Nord contre l’action en justice de Séoul demandant une compensation pour la démolition par le Nord du bureau de Kaesong », a déclaré Choi Gil-il, professeur d’études militaires à l’université Sangji, interrogé par l’Agence France-Presse.
La Corée du Nord procède régulièrement à des tirs de missiles dans la région, systématiquement condamnés par ses voisins, la Corée du Sud et le Japon, tous deux proches alliés des Etats-Unis. Cela faisait toutefois plusieurs mois que des missiles nord-coréens n’étaient pas tombés dans la ZEE japonaise.
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Il y a deux semaines, Pyongyang a aussi tenté, sans succès, d’envoyer dans l’espace un « satellite de reconnaissance militaire », ce qui avait provoqué par erreur des alertes au missile à Séoul et à Okinawa (sud-ouest du Japon). Dans ce contexte, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, est par ailleurs arrivé jeudi à Tokyo pour des entretiens avec ses homologues du Japon, des Philippines et de Corée du Sud.
Source : Le Monde.fr