« A 5 heures, deux nautiques, je me demande si ce n’est pas un [avion de chasse chinois] J-16 », lance le radariste du Falcon de la marine française. L’avion français patrouille dans le ciel de la mer de Chine orientale en mission de surveillance sur les transbordements de trafiquants de pétrole, de charbon ou de sable à des bateaux nord-coréens. Des pratiques fréquentes destinées à détourner les sanctions de l’ONU contre Pyongyang. Dans cette zone de toutes les tensions, entre Japon, Chine et Corée du Nord, ces patrouilles n’ont rien d’une sinécure.
Quasi quotidiennement, l’appareil de la flottille 25 F de la marine française, normalement basé à Papeete, vole au-dessus des flots sombres. L’observation du respect des sanctions imposées à la Corée du Nord en 2017 par le Conseil de sécurité, en réponse à ses tirs de missiles et à ses essais nucléaires, est effectuée par neuf pays, dont les Etats-Unis, le Japon ou encore la Corée du Sud et le Canada. La France, seule nation européenne dotée d’une présence militaire constante dans l’Indo-Pacifique, participe par le déploiement annuel de frégates et d’avions venus de Polynésie ou de Nouvelle-Calédonie.
Lors de cette sortie réalisée fin octobre, l’équipage français est aux aguets. Le Shenyang J-16 est l’un des chasseurs les plus récents de l’Armée populaire de libération chinoise. En juin, un avion canadien engagé dans la même mission que le Falcon avait été harcelé par un appareil chinois – au point de devoir infléchir brusquement sa trajectoire pour « éviter une collision potentielle avec l’avion intercepteur », avait par la suite déploré l’état-major canadien.
Cette fois, le J-16 garde ses distances. Il nargue le Falcon, passant de droite à gauche, se dissimulant derrière les nuages avant de réapparaître. « Peut-être qu’il y en a deux qui se relaient », avance un membre de l’équipage. Pendant une heure – « un record » – la silhouette du chasseur plane au-dessus du Falcon. L’équipage « immortalise » la présence de l’appareil reconnaissable à son nez blanc et à sa dérive en biseau en prenant une photo à des fins de documentation.
Ne pas provoquer
« Il ne faut pas se laisser distraire », rappelle le capitaine de corvette chef de bord, qui tente de ramener ses cinq hommes à leur mission première : traquer les transbordements illicites. Le biréacteur français, au fuselage blanc souligné de bleu, patrouille dans une zone déterminée par la cellule de coordination d’application des sanctions, installée sur le site de l’état-major de la VIIe flotte américaine basée à Yokosuka, au sud de Tokyo.
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Source : Le Monde.fr
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