La justice japonaise a condamné mercredi 13 juillet quatre anciens dirigeants de la compagnie d’électricité de Tokyo (Tepco) à dédommager des actionnaires de l’entreprise. Le tribunal de Tokyo leur reproche de ne pas avoir su empêcher la catastrophe nucléaire de Fukushima de 2011 en ne prenant pas les mesures nécessaires contre les tsunamis.
Le président de Tepco au moment du drame, Tsunehisa Katsumata, le PDG, Masataka Shimizu, et deux vice-présidents, Ichiro Takekuro et Sakae Muto, ont été condamnés à verser 13 321 milliards de yens (97 milliards d’euros) à quarante-huit actionnaires qui ont porté plainte en 2012. Egalement mis en cause, le directeur général, Akio Komori, n’a pas été sanctionné.
C’est la première fois que d’anciens responsables de la compagnie d’électricité doivent verser des dommages à la suite de la catastrophe du 11 mars 2011. Le séisme et le tsunami, survenus ce jour-là dans le nord-est du Japon, sont à l’origine de la fusion de trois des six cœurs de la centrale de Fukushima Daiichi.
La pire catastrophe nucléaire depuis Tchernobyl
La pire catastrophe nucléaire depuis Tchernobyl en 1986 est à l’origine de l’évacuation de 240 000 habitants de la région, de la contamination d’une vaste étendue de petites villes, de terres agricoles et de forêts, des territoires pour certains toujours interdits d’accès. La résolution des dégâts de la centrale endommagée, entre autres l’extraction des cœurs ayant fondu, devrait prendre encore plusieurs décennies.
Les plaignants réclamaient 22 000 milliards de yens (160 milliards d’euros) de dédommagement. Ils reprochaient aux dirigeants de ne pas avoir anticipé le tsunami de l’ampleur de celui de mars 2011, malgré plusieurs études évoquant un tel risque.
Les accusés ont argué d’un manque de fiabilité de ces études et souligné l’imprévisibilité de l’ampleur de la catastrophe de 2011. Pourtant, en 2008, un département de Tepco avait estimé qu’un tsunami allant jusqu’à 15,7 mètres pouvait frapper la centrale. Cette analyse s’appuyait sur l’évaluation par le gouvernement des tremblements de terre à long terme, rendue publique en 2002. Les dirigeants de la centrale ont ignoré ces rapports et les préconisations qu’ils contenaient. Les mesures préventives n’étaient efficaces que face à une vague de 3 mètres.
Acquittés en 2019
Pour le tribunal, les anciens dirigeants sont donc coupables de ne pas avoir mis en œuvre des mesures de protection adéquates contre le risque de tsunami.
Ce jugement contraste avec celui rendu en septembre 2019. MM. Katsumata, Takekuro et Muto avaient alors été acquittés dans un procès intenté pour « négligence ayant entraîné la mort » – 44 personnes étaient décédées au moment de l’évacuation de l’hôpital de Futaba, à quelques kilomètres du site, organisée dans les jours qui ont suivi la catastrophe nucléaire.
Il vous reste 10.96% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
Source : Le Monde.fr