Porté par les grandes figures et les parlementaires du Parti libéral-démocrate (PLD), Fumio Kishida, ex-ministre des affaires étrangères, a remporté, mercredi 29 septembre, le scrutin pour la présidence de la formation au pouvoir au Japon. M. Kishida, 64 ans, va de ce fait succéder à l’actuel chef de gouvernement et président du PLD Yoshihide Suga, devenant ainsi le 100e premier ministre de l’Archipel.
L’élu d’Hiroshima (sud-ouest), connu pour sa modération mais souffrant d’un certain manque de charisme, a gagné, au deuxième tour, avec 257 voix, le scrutin interne au PLD en devançant l’actuel ministre de la réforme administrative et responsable de la vaccination, Taro Kono. Ce dernier n’a obtenu que 170 voix. Seuls les parlementaires et les responsables locaux du PLD votaient au deuxième tour.
Le premier tour impliquait les adhérents, qui avaient permis à M. Kono de devancer M. Kishida. Les deux femmes candidates, la très nationaliste Sanae Takaichi, et la plus progressiste Seiko Noda – seule parmi les candidats à porter les questions sociétales sur le droit des femmes ou des minorités –, ont été éliminées. Mme Takaichi, qui a obtenu de bons résultats, a apporté son soutien à M. Kishida.
Remobiliser le parti
Fumio Kishida n’était pas le favori des sondages : les Japonais, tout comme les adhérents du PLD, lui préférait M. Kono. Mais il avait les faveurs des cadres et vétérans du parti, à commencer par les « trois A », l’ancien premier ministre Shinzo Abe (2012-2020), le ministre des finances, Taro Aso, et l’ex-ministre de l’économie, Akira Amari. Très influent, le trio a su convaincre les élus de la Diète (le Parlement japonais), non membres des factions de soutenir Fumio Kishida, considéré comme moins indépendant, pour ne pas dire moins incontrôlable que M. Kono.
Fumio Kishida va succéder à l’impopulaire M. Suga, qui avait choisi fin août de ne pas se représenter à la présidence du PLD. Sa première mission va consister à remobiliser le parti après deux semaines d’une campagne ouverte pour tenter de renouer un lien distendu avec la population et d’apaiser les divisions internes dans la perspective des législatives de novembre.
Le scrutin sera un premier test pour les engagements pris pendant cette campagne en particulier dans le domaine économique. Le Japon a enregistré une augmentation de la précarité, en raison de la mauvaise gestion de la pandémie. Qui est l’une des causes du retrait du premier ministre de Suga.
Une « nouvelle forme de capitalisme »
Critique du néolibéralisme et des dérégulations responsables d’un creusement des inégalités, M. Kishida a plaidé pour une « nouvelle forme de capitalisme » fondée sur une meilleure répartition des richesses, afin « d’augmenter la consommation et la demande ». Le nouveau dirigeant veut un plan de relance massif et 10 000 milliards de yens (77 milliards d’euros) pour soutenir l’innovation. Il prône le développement des énergies renouvelables en marge du maintien du nucléaire pour parvenir à la neutralité carbone à l’horizon 2050. N’ayant pas pour priorité la révision de la Constitution pacifiste, il souhaite toutefois muscler la défense japonaise face à la menace chinoise.
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Source : Le Monde.fr