Le constructeur italien n’en est pas à son premier « coup » financier, qui lui a permis de surmonter ses difficultés par le passé, rappelle le chercheur en gestion Gilles Chemla, dans une tribune au « Monde ».
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Tribune. Les acteurs de l’industrie automobile considèrent en général que devenir un des plus gros constructeurs mondiaux est un facteur indispensable du succès. Cette conviction entraîne une course au gigantisme, théâtre idéal pour des Meccano industriels spectaculaires et des opérations financières retorses.
Rappelons-nous les opérations majeures de la fin des années 1990. 1998, fusion de Daimler- Benz et Chrysler ; 1999, échange de participations entre Renault et Nissan ; 2000, création d’une joint-venture entre General Motors et Fiat.
Les conséquences de ces alliances n’ont pourtant pas été positives, et de loin, pour tous les protagonistes.
Suite à de lourdes pertes de Fiat, la valeur de la joint-venture entre la firme italienne et General Motors (alors premier constructeur mondial) a fini par s’effondrer en 2005. C’est alors que Fiat, grâce à une option de vente judicieusement incluse dans le contrat de la joint-venture, a obtenu près de 2 milliards de dollars de General Motors. Grâce à cet argent, la « petite italienne » a réussi à surmonter les faiblesses industrielles qui menaçaient sa survie…
Moment choisi symptomatique
La fusion entre Daimler-Benz et Chrysler a causé pour sa part de lourdes pertes à Daimler-Benz qui a revendu l’essentiel de ses parts en 2007. Deux ans plus tard, après que Chrysler, très mal en point, a été sauvé de la faillite par le gouvernement américain, la compagnie fut promptement rachetée à bas prix… par Fiat.
Beaucoup considèrent Fiat comme une entreprise familiale bonhomme focalisée sur la production de voitures dont le design soigné contraste avec quelques faiblesses mécaniques. Mais cette histoire récente suggère que Fiat a aussi des capacités de négociation redoutables et une capacité à agir en prédateur.
Le moment choisi pour la récente offre de fusion entre égaux faite à Renault est symptomatique. Une telle fusion pouvait permettre à Fiat, une fois de plus, de surmonter grâce à un coup financier ses retards industriels, cette fois-ci dans le développement de voitures électriques et autonomes dans lequel Renault-Nissan, rejoint par Mitsubishi en 2016, a justement beaucoup investi sous la houlette de Carlos Ghosn, son ancien PDG, aujourd’hui déchu.
Par ailleurs, Fiat Chrysler Automobiles (FCA) profitait de la situation de faiblesse relative de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi. L’alliance, après avoir réussi au-delà de toute espérance en sauvant Nissan de la faillite et en lui permettant de réaliser 6 milliards de bénéfices en 2017, est aujourd’hui dans une période particulièrement délicate. Carlos Ghosn n’est pas parvenu à aller aussi loin qu’il le souhaitait dans l’intégration face à des partenaires japonais désireux de maintenir à tout prix une certaine autonomie. Les profits sont désormais en baisse, et la valeur de l’action a chuté de 30 % ces derniers mois.
Source : Le Monde.fr
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