L’Américain Greg Kelly, ancien très proche collaborateur de Carlos Ghosn, le dirigeant déchu de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi, a été condamné jeudi 3 mars à six mois de prison avec sursis pour avoir contribué à minorer les déclarations de revenus de M. Ghosn, en infraction à la loi japonaise sur les instruments financiers et les titres.
L’accusation portait sur un total de 9,1 milliards de yens (71 millions d’euros) dissimulés pendant huit ans jusqu’à l’exercice 2017. Selon le parquet qui avait requis deux années de prison, il s’agissait d’éviter les critiques sur les montants perçus par M. Ghosn. Le Japon oblige depuis 2009 les entreprises à rendre publics les salaires de leurs dirigeants.
Acquitté des accusations portant sur la période entre 2010 et 2016, M. Kelly a été reconnu coupable pour ses actes pendant l’exercice 2017, notamment le paiement de stock-options à M. Ghosn ayant créé une différence d’environ 750 millions de yens dans la rémunération déclarée. Il pourrait faire appel, ses avocats ayant indiqué qu’il contesterait toute condamnation, même avec sursis.
Le groupe Nissan, également accusé dans cette affaire et qui plaidait coupable, a été condamné à une amende de 200 millions de yens.
Avocat lui-même, Greg Kelly a intégré la filiale américaine de Nissan en 1988. Sa progression l’a amené en 2012 au poste d’administrateur. Son bureau voisinait celui de Carlos Ghosn au siège du constructeur nippon, à Yokohama (sud de Tokyo). Il avait la haute main sur les affaires concernant le dirigeant.
Arrêté le même jour que son supérieur, le 19 novembre 2018, à son arrivée des Etats-Unis, Greg Kelly a été mis en examen et libéré le 25 décembre de la même année contre une caution de 70 millions de yens.
La question « aurait dû être réglée en interne chez Nissan »
Carlos Ghosn a été mis en examen pour le même délit mais aussi pour abus de confiance et abus de confiance aggravé. Libéré sous caution en avril 2019, M. Ghosn a, par la suite, fui le Japon pour se réfugier au Liban, laissant M. Kelly seul pour le procès. Arrêtés aux Etats-Unis et extradés vers l’Archipel, les deux Américains l’ayant aidé dans sa fuite, Michael Taylor et son fils Peter, sont aujourd’hui en prison.
Ayant toujours clamé son innocence, M. Kelly n’a pas quitté l’Archipel. Sa femme l’a rejoint et a assisté à la plupart des 76 audiences du procès commencé en septembre 2020. L’ex-administrateur se disait confiant à l’approche du verdict. « Il n’y avait pas besoin de faire de déclaration parce que Carlos Ghosn n’a jamais été payé », se défendait-il. Selon lui, la question « aurait dû être réglée en interne chez Nissan et n’avait rien de criminel ».
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Source : Le Monde.fr