Le peintre et sculpteur français Henri Matisse (1869-1954) ne s’est jamais rendu au Japon, mais son œuvre y est abondamment célébrée. En témoigne la grande exposition organisée jusqu’au 27 mai au National Art Center (NACT), dans le quartier de Roppongi, au cœur de Tokyo. Au fil de cent cinquante œuvres réunies sur près de 3 000 mètres carrés sous le titre « Formes libres », le musée propose une vision globale du travail du natif du Cateau-Cambrésis (Nord).
« L’idée était d’offrir un ensemble dont le sens aboutit à la grande gouache découpée Fleurs et fruits, montrée pour la première fois au Japon, et de voir l’évolution de Matisse, des petits formats vers une peinture qui sort du cadre et va vers la décoration », indique Claudine Grammont, cheffe du cabinet d’art graphique du Centre Pompidou, à Paris, auparavant à la tête du Musée Matisse de Nice, d’où est issue la quasi-totalité des œuvres présentées.
Le parcours de l’exposition, initialement prévue en 2021 mais reportée à cause de la pandémie de Covid-19, conduit de la première peinture de l’artiste, Nature morte aux livres, réalisée en 1890, à l’âge de 21 ans, à la chapelle de Vence (Alpes-Maritimes), dont Matisse avait signé la décoration, reproduite ici grandeur nature, avec un habile jeu de lumières rejouant la course du soleil à travers les vitraux.
Entre les deux, le visiteur profite de quelques œuvres fauves, de sculptures ou encore des costumes réalisés en 1919 pour Le Chant du rossignol, d’Igor Stravinsky, par les Ballets russes de Serge Diaghilev. L’exposition accorde aussi une place importante aux gouaches découpées, comme le Nu bleu IV, de 1952.
Collectionneurs nippons
L’événement est l’occasion de rappeler les liens du peintre avec l’Archipel. « Matisse n’a pas suivi la mode du japonisme, comme Van Gogh, mais il s’est intéressé à la peinture et à la culture japonaises », observe Naoki Yoneda, conservateur du NACT et spécialiste de la peinture française du XXe siècle. La Japonaise au bord de l’eau, tableau de 1905, est resté au Metropolitan Museum of Art de New York, mais l’exposition du NACT présente le Masque japonais, gouache découpée de 1950.
Ce contact avec l’archipel nippon date des premiers temps de la notoriété du peintre, qui rencontre, dans les années 1910, l’érudit Okakura Kakuzo (1863-1913), l’un des grands promoteurs de la culture nippone à l’étranger, auteur, en 1906, du Livre du thé (André Delpeuch, 1927). Les collectionneurs nippons, comme Shigetaro Fukushima (1895-1960), qui séjourne à Paris de 1923 à 1933, acquièrent nombre de ses œuvres.
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Source : Le Monde.fr
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