Issei Sagawa, qui tua une étudiante néerlandaise à Paris le 11 juin 1981 puis, après l’avoir violée, se livra sur son corps à des actes de cannibalisme, est mort le 24 novembre d’une pneumonie, a annoncé sa famille. Il était âgé de 73 ans.
Né le 24 avril 1949 à Kobé dans une famille aisée, Issei Sagawa était un brillant doctorant en littérature comparée à l’université de la Sorbonne-Nouvelle. Le jour fatidique, il avait invité à dîner dans son petit appartement du 16e arrondissement une étudiante néerlandaise de 24 ans, Renée Hartevelt. Il la tua d’un coup de carabine dans la nuque alors qu’elle lisait des poèmes à haute voix.
Après avoir pris des clichés de son crime, violé sa victime et mangé certaines parties de son corps, il la découpa à la scie électrique et le conserva trois jours dans son frigidaire. Puis il décida de s’en débarrasser. Il plaça les restes de la jeune femme dans deux grosses valises et se fit conduire en taxi aux abords du lac du bois de Boulogne.
Voyant cet homme à la silhouette frêle, poussant un caddie qu’il avait trouvé pour y mettre les énormes valises, un couple de promeneurs lui avait demandé : « Elles sont à vous ces valises ? » Surpris, il bafouilla et prit la fuite. Intervenue à la demande du couple, la police découvrit le macabre contenu des valises.
« Etat de démence »
Le témoignage d’un chauffeur de taxi permit d’identifier le coupable. A l’arrivée des policiers, celui-ci n’opposa aucune résistance et avoua son crime. Incarcéré, il fut examiné par des psychiatres qui conclurent à « un homicide sans autre motivation que de satisfaire une pulsion cannibalique » commis dans « un état de démence de telle sorte que la responsabilité pénale ne peut être retenue ». Et Sagawa fut confié à un établissement psychiatrique. Par deux fois, la famille de la victime tenta de faire annuler le non-lieu. Le meurtrier restera un an et deux mois à l’hôpital de Villejuif.
Au Japon, l’affaire suscita émotion et embarras, comme si cette affaire ternissait l’image du pays lui-même. En France, la presse s’en était emparée à grand renfort de clichés sur les Japonais et le magazine Photo publia même des photos prises par le meurtrier – le numéro fut interdit à la vente.
A la suite de tractations entre les autorités françaises et le père d’Issei, puissant industriel à l’époque des faits, le fils fut finalement renvoyé au Japon le 21 mai 1984. La justice française avait estimé que « les chances de guérison seront meilleures dans un environnement familial ». La décision suscita colère et indignation de la famille de la victime qui, à nouveau, ne fut pas entendue. Le meurtrier fut d’abord placé dans un hôpital psychiatrique à Tokyo puis il recouvra sa liberté quelques mois plus tard.
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Source : Le Monde.fr
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