Les services de secours continuent, samedi 6 janvier, à fouiller inlassablement les décombres du séisme dévastateur qui a ébranlé le centre du Japon au Nouvel An, qui a causé la mort d’au moins 110 morts et en a blessé 510 autres, selon un dernier bilan.
Environ 210 personnes restent par ailleurs portées disparues selon le décompte annoncé par les autorités locales, mais les espoirs de retrouver des survivants près de cinq jours après la catastrophe sont de plus en plus minces. La tâche des secouristes devait être rendue plus ardue encore par les conditions météorologiques, alors que pluie et neige étaient attendues ce week-end, avec des températures proches de zéro degré.
Le tremblement de terre de magnitude 7,6 survenu dans l’après-midi du 1er janvier dans la péninsule de Noto a dévasté cette étroite bande de terre d’une centaine de kilomètres de long qui s’avance dans la mer du Japon, provoquant des glissements de terrain et faisant s’effondrer bâtiments et routes. La secousse, ressentie jusqu’à Tokyo, à 300 kilomètres de là, a aussi déclenché un tsunami : des vagues de plus d’un mètre de hauteur ont frappé les côtes à certains endroits, balayant des habitations et des routes en bord de mer et jetant des bateaux à l’intérieur des terres.
25 000 foyers toujours sans eau et 70 000 sans électricité
Plus de 30 000 personnes étaient réfugiées, samedi, dans quelque 350 centres d’évacuation selon le département d’Ishikawa, où est située la péninsule de Noto, dans des conditions souvent précaires, en particulier dans les zones les plus difficilement accessibles.
« Je ne trouve pas que nous ayons reçu des équipements ou de la nourriture en quantité substantielle », regrette Takushi, 59 ans, qui habite le village de Noto, à la pointe de la péninsule. Il a expliqué s’être abstenu de récupérer des rations alimentaires dans un abri voisin afin qu’elles puissent être distribuées à la population vieillissante et aux enfants en bas âge.
« Nous faisons de notre mieux pour mener des opérations de sauvetage dans les villages isolés (…). Cependant, la réalité est que leur isolement n’a pas été résolu autant que nous le souhaitons », a admis vendredi Hiroshi Hase, le gouverneur d’Ishikawa. Près de 25 000 foyers étaient par ailleurs toujours privés d’électricité et plus de 70 000 habitations étaient sans eau samedi matin dans ce département et deux autres situés plus au nord.
Demande de volontaires
Pour ne pas gêner les opérations de secours et l’acheminement de vivres aux personnes réfugiées, les autorités locales ont appelé les personnes extérieures à la péninsule de Noto, habituellement une destination touristique, à éviter de s’y rendre pour des « déplacements non essentiels et non urgents ». Elles ont également prié ceux qui souhaiteraient se porter volontaires pour les opérations de déblaiement d’attendre la fin du week-end de trois jours, ce lundi étant férié au Japon, faute d’organisation pour pouvoir les accueillir et les orienter.
Ce séisme, suivi par des centaines de répliques d’intensité plus faible, a été qualifié par le premier ministre Fumio Kishida de « plus grave catastrophe » de Reiwa, l’ère nippone qui s’est ouverte en 2019 avec l’accession au trône de l’empereur japonais Naruhito. Plusieurs pays, dont les Etats-Unis ou la France, ont proposé de l’aide au Japon, et beaucoup ont présenté leurs condoléances, y compris la Chine et la Corée du Nord, dont le dirigeant Kim Jong-un a exprimé sa « profonde compassion » dans un message adressé à M. Kishida.
Situé sur la ceinture de feu du Pacifique, le Japon est l’un des pays où les tremblements de terre sont les plus fréquents. L’archipel nippon est hanté par le souvenir du terrible séisme de magnitude 9 suivi d’un tsunami géant en mars 2011 sur ses côtes nord-est, une catastrophe qui a fait quelque 20 000 morts et disparus. Ce désastre avait aussi entraîné l’accident nucléaire de Fukushima, le plus grave depuis celui de Tchernobyl, en 1986.
Source : Le Monde.fr