« L’empereur est très inquiet de la situation actuelle de la contamination par le coronavirus », a déclaré le chef de l’agence de la Maison impériale, Yasuhiko Nishimura, au cours d’un point de presse jeudi 24 juin. « Compte tenu des inquiétudes de l’opinion publique, Sa Majesté semble préoccupée par le risque d’une éventuelle accélération des infections à la suite de cet évènement », a-t-il ajouté.
Venant de l’empereur, président d’honneur des Jeux olympiques (JO) et qui, à ce titre, doit les déclarer ouverts comme le fit son grand-père Hirohito pour ceux de Tokyo en 1964, ces petites phrases aux mots pesés n’en ont pas moins un poids certain. Elles embarrassent le premier ministre Yoshihide Suga, qui veut que ces Jeux aient lieu en dépit des mises en gardes des experts médicaux, à commencer par le conseiller du gouvernement, Shigeru Omi, sur les risques d’une nouvelle vague de contamination à la faveur de cet évènement qui doit commencer le 23 juillet.
Le porte-parole du gouvernement, Katsunobu Kato, s’est employé, vendredi, à minimiser la portée des propos attribués à l’empereur par le chef de l’agence de la Maison impériale, organisme d’Etat qui dépend du bureau du premier ministre, en faisant valoir qu’il ne s’agissait que des « impressions personnelles » de M. Nishimura.
Une jauge dans les stades
Ce dernier n’a pas cité les propos du monarque, mais fait état du « sentiment que Sa Majesté est préoccupée par le risque d’une accélération des infections ». Selon l’expert de la Maison impériale de l’université de Nagoya, Hideya Kawanishi, cité par l’agence de presse Kyodo, M. Nishimura a rapporté le sentiment de l’empereur avec le plein consentement de celui-ci. Le monarque chercherait selon lui « à faire comprendre à la population la position délicate dans laquelle il se trouve de devoir proclamer l’ouverture de JO dont il sait qu’ils inquiètent l’opinion ».
Selon un sondage de l’agence Kyodo du 20 juin, 86 % des Japonais craignent une nouvelle vague de contaminations à l’occasion des JO. Le gouvernement Suga et le Comité international olympique (CIO) viennent de susciter de vives critiques dans la presse en décidant qu’un nombre limité de spectateurs (50 % de la capacité des stades avec au maximum 10 000 personnes) pourrait assister aux épreuves.
Les premiers signes d’une reprise
L’empereur ne dispose d’aucun pouvoir politique. En dépit de la retenue que lui impose son statut de « symbole de l’Etat et de l’unité du peuple » aux termes de l’article premier de la Constitution, Naruhito entend donner à sa fonction la dimension d’une entité morale, comme l’a fait son père Akihito qui a abdiqué en 2019. Tout au long de son règne, ce dernier a discrètement posé des balises afin de maintenir la démocratie japonaise sur la voie tracée au lendemain de la défaite, et il s’est toujours voulu proche de la population, en particulier lors de catastrophes comme celle du 11 mars 2011 (séisme, tsunami meurtrier et accident nucléaire). La pandémie représente, elle aussi, une situation de crise.
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Source : Le Monde.fr