La discipline de fer des prisons japonaises

Une enquête d’« Envoyé spécial » met en lumière les conditions de détention dans l’archipel, médiatisées par l’arrestation de Carlos Ghosn.

Par Publié aujourd’hui à 19h45, mis à jour à 19h47

Temps de Lecture 1 min.

Des journalistes devant le centre de détention de Tokyo, en novembre 2018. KAZUHIRO NOGI/AFP

FRANCE 2 – JEUDI 21 NOVEMBRE À 21 H 05 – DOCUMENTAIRE

Arrêté le 19 novembre 2018, accusé de malversations financières, Carlos Ghosn a passé plus de 100 jours en détention préventive dans la « prison de Kosuge », à Tokyo, avant d’être remis en liberté sous caution le 25 avril. L’incarcération du fondateur et ex-dirigeant de l’alliance Renault-Nissan-Mitsubishi a alors révélé au monde la dureté du système pénitentiaire nippon. « Envoyé spécial » a enquêté. Et dès les premières images – illustrées par un dessinateur de mangas –, on comprend que cela n’a pas été tâche facile. Les révélations ne viendront pas d’où on pouvait les attendre.

La première séquence emmène ainsi le téléspectateur à l’intérieur de la prison modèle de Yamaguchi, dans le sud de l’Archipel, à l’opposé de Tokyo, pour une visite totalement encadrée de 48 heures. Les images étonnent malgré tout : cours de dessin ou de cuisine, avec de vrais couteaux, mais aussi déplacements à un rythme militaire, règne de l’obéissance totale, repas chronométrés (13 minutes), tête baissée, avec interdiction de parler… « Ils te tuent d’une façon silencieuse », estime Carole Ghosn, l’épouse de l’ex-grand patron, interviewée à New York. Et même s’« il est possible qu’il soit traité comme les autres Japonais. Est-ce acceptable d’un pays civilisé ? »

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Dans les coulisses de l’affaire Ghosn

Destruction mentale

Plusieurs réponses sont apportées dans la seconde partie par d’anciens détenus. Parmi eux, Thomas, un Français de 23 ans, qui a effectué de la détention préventive pour vol. Il confirme la lumière allumée la nuit, la visite des gardes toutes les 30 minutes. Libéré sans condamnation, il s’estime néanmoins privilégié. Il a d’ailleurs choisi de rester vivre au Japon, où le taux de criminalité est un des plus faibles au monde.

Iwao Hakamada, le condamné à mort le plus âgé au monde, est lui devenu l’emblème de la destruction mentale par la machine pénitentiaire. Octogénaire, l’ex-boxeur a été condamné à la pendaison en 1968 pour 4 meurtres, mais en 2008 un test ADN a fait douter la justice. Dans l’attente d’un nouveau procès, il a été remis en liberté, mais a perdu la raison. Aujourd’hui assigné à résidence, Carlos Ghosn risque dix ans d’emprisonnement.

Lire l’analyse : Justice intraitable et « tradition culturelle » : quand le Japon aime apparaître « incorrect »

Japon : des prisonniers au pas, une enquête de Constantin Simon avec Babel Press (Fr., 2019, 30 min), suivi d’Ils traquent les pédophiles (inédit) et de la rediffusion d’Un village basque à l’assaut du monde.

Source : Le Monde.fr

Japonologie:
Leave a Comment