Lauréat du prix Pritzker en 2019, connu pour son ouverture au monde, son souci d’intégrer ses créations à leur environnement et son refus de s’affirmer dans un style unique, l’architecte japonais Arata Isozaki s’est éteint à 91 ans, jeudi 29 décembre, à son domicile d’Okinawa, dans le sud-ouest de l’archipel, a annoncé, samedi 31 décembre, son studio, Arata Isozaki & Associates. Il est l’auteur d’une centaine de projets, au Japon comme à l’étranger, et de multiples ouvrages de réflexion sur son art.
Né en 1931 à Oita dans la région du Kyushu (sud-ouest du Japon), Arata Isozaki grandit dans une famille travaillant dans le commerce du riz et le transport maritime. Il choisit d’étudier l’architecture à la faculté d’ingénierie de l’université de Tokyo. Diplômé en 1954, il devient doctorant sous la direction d’un maître de l’architecture nippone, Kenzo Tange, avant d’intégrer le studio du concepteur, entre autres, de l’imposante mairie de Tokyo, puis de créer son propre studio en 1963.
Son travail s’inscrit dans les réflexions de l’après-guerre au Japon, marqué par la reconstruction, l’occupation américaine et la croissance rapide, et se nourrit de nombreux voyages à l’étranger. Les destructions du conflit, à commencer par les bombardements atomiques sur Hiroshima et Nagasaki l’incitent « à considérer la manière dont les personnes pourraient reconstruire leur maison et leur ville ». « Les ruines qui formaient l’environnement de mon enfance étaient produites par des actes de destruction soudaine. Errer parmi elles m’a inculqué la conscience du phénomène d’oblitération, plutôt que le sens de la fugacité des choses ».
Ses premiers travaux sont réalisés dans sa région natale : l’ancienne bibliothèque d’Oita et la bibliothèque centrale de Kitakyushu combinent des éléments du brutalisme et du métabolisme japonais, une approche axée sur l’association et la mobilité humaines, en réfléchissant à la manière de créer des villes utopiques. Ces concepts se retrouvent dans City in the Air, un plan de 1962 pour le quartier tokyoïte de Shinjuku, jamais réalisé, « constitué de strates d’édifices, de résidences et de transports suspendus en hauteur au-dessus de la ville qui, en bas, vieillissait, en réponse à l’urbanisation rapide ». Sa forme arborée évoquait le « sashihijiki », une structure porteuse des temples bouddhistes.
Entre tradition et modernité
Cette évolution entre tradition et modernité se retrouve dans sa transmission à l’étranger du « ma », concept japonais qui nie toute différence entre les notions de temps et d’espace. Cette idée fit l’objet d’une exposition, Ma – espace-temps au Japon, organisée en 1978 au Musée des arts décoratifs de Paris, dans le cadre du Festival d’automne.
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Source : Le Monde.fr
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