Le syndicalisme nippon a vécu une mini-révolution avec la nomination, mercredi 6 octobre, de Tomoko Yoshino à la tête de la Rengo, la principale confédération de l’archipel. Première femme à accéder à la tête de la puissante organisation forte de 7 millions d’adhérents, Mme Yoshino succède à Rikio Kozu, resté six ans à la présidence. Elle a promis de se mettre « à l’écoute des travailleurs » et de « développer les activités » du syndicat.
Regrettant que les femmes continuent de se heurter à un plafond de verre dans le monde japonais du travail ou de devoir renoncer à contrecœur à leur carrière, Mme Yoshino veut œuvrer pour la hausse des salaires, une amélioration des conditions de travail et contre « la précarité qui concerne principalement des femmes ». La confédération est le principal interlocuteur des organisations patronales au moment des traditionnelles shunto, les offensives salariales du printemps.
Née à Tokyo en 1966, Mme Yoshino, passionnée de ballet qu’elle a pratiqué dans sa jeunesse, a interrompu ses études à la fin du lycée. En 1984, elle a trouvé un emploi chez le fabricant de machines à coudre Juki, où elle a contribué à créer un syndicat, se battant notamment pour faire respecter par l’entreprise le congé maternité. Trop souvent, les femmes devaient – et doivent encore – démissionner en cas de grossesse.
Mieux refléter la diversité de base
Elle a adhéré à l’Association japonaise des travailleurs de la métallurgie, de la machinerie et de la confection (JAM). Cette structure de la Rengo réunit des syndicats de petites et moyennes entreprises des industries mécaniques et de la métallurgie. Elle compte 380 000 adhérents.
Mme Yoshino progresse au sein de la JAM jusqu’à intégrer son comité de direction en 1999. Elle se spécialise sur le soutien aux femmes et aux travailleurs indépendants. Remarquée pour son travail, elle est sollicitée en 2007 pour passer à la direction de la Rengo. En 2015, elle devient la première femme à accéder à la vice-présidence de la confédération.
« Nous ne devons pas accorder à tout prix la primauté à la question du genre, mais nous faisons là un pas vers l’égalité des sexes », s’est réjoui Junsuke Nanba, qui dirige le comité de recommandation des candidatures au sein de l’organisation née dans le secteur privé en 1987 et renforcée en 1989 par une fusion avec la puissante organisation Sohyo (Conseil général des syndicats du Japon) qui incluait le service public.
Aujourd’hui, la Rengo veut féminiser sa direction pour mieux refléter la diversité de sa base. 36 % des adhérents sont des femmes, contre 27 % en 1991. L’un de ses objectifs est de porter à quatre – sur treize – le nombre de vice-présidentes d’ici à 2023.
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Source : Le Monde.fr
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