Un scandale de corruption menace le développement, au Japon, de complexes touristiques avec casino (« IR« pour « integrated resorts »), pourtant priorité du gouvernement. Un parlementaire du Parti libéral-démocrate (PLD, au pouvoir), Tsukasa Akimoto, a été mis en examen, lundi 3 février. Le parquet de Tokyo le soupçonne d’avoir reçu, en septembre 2017, deux millions de yens (17 000 euros) de la société chinoise de paris sportifs en ligne, 500.com, et bénéficié d’un voyage de 1,55 million de yens (12 400 euros) au siège de cette entreprise, à Shenzhen.
En décembre 2019, M. Akimoto avait déjà été mis en examen pour des faits similaires, pour un montant de 31 000 euros. M. Akimoto aurait bénéficié de largesses de 500.com car il occupait en 2017 le poste de vice-ministre chargé du développement des IR.
D’après les procureurs, il aurait agi tout « en sachant que l’entreprise lui donnait de l’argent dans le but d’obtenir des décisions en sa faveur ». 500.com se positionnait pour obtenir la concession d’un des projets de casino prévus à Hokkaido (Nord du Japon). M. Akimoto se défend en affirmant notamment que l’argent perçu était un dédommagement pour des interventions publiques.
Attirer des touristes
L’affaire éclate alors le Japon prépare, conformément à la loi de 2018, le cadre des appels d’offres pour la construction de trois complexes intégrant hôtels, centres de conférence et casinos.
Trois IR doivent être bâtis, avec pour but de dynamiser le tourisme et l’économie après les Jeux olympiques de Tokyo de l’été 2020. Il s’agit, pour le Japon, de trouver de nouveaux moyens d’attirer des touristes et de les inciter à dépenser plus, notamment pour maintenir son excédent de rentrées de devises étrangères. La période de dépôt des candidatures est prévue du 4 janvier au 30 juillet 2021.
Le Japon est considéré comme le marché des casinos le plus prometteur du monde. Les investissements sont estimés à 10 milliards de dollars (9 milliards d’euros) par complexe. Plusieurs groupes étrangers, comme les Américains Sands, MGM Resorts International ou Wynn Resorts Ltd, le Français Partouche, le géant de Macao, Galaxy Entertainment, ou le groupe hongkongais Melco, sont très intéressés. De même que les gérants japonais des populaires salles de pachinko, sorte de machine à sous.
« Un avertissement »
D’autres élus que M. Akimoto – par ailleurs ancien consultant de Gaia, opérateur de pachinko qui a fait l’objet d’une perquisition des enquêteurs – auraient-ils cédé aux avances de certains de ces groupes, tout en sachant que la stricte loi japonaise interdit tout versement d’argent à un parlementaire ou à un haut fonctionnaire de la part d’entreprises privées ? « Il est vrai que des élus et fonctionnaires ont pu effectuer des voyages d’études à Singapour, à Macao, en Floride, voire à Deauville, note un bon connaisseur des arcanes des affaires au Japon. A la japonaise, l’affaire Akimoto sonne comme un avertissement pour ceux qui auraient mis trop de doigts dans le pot de confiture. »
Source : Le Monde.fr