L’Allemagne monte sur le podium mais c’est une victoire en demi-teinte. Le Japon a perdu en 2023 son titre symbolique de troisième puissance économique mondiale au profit de l’Allemagne, sous l’effet notamment de la chute du yen, selon des données préliminaires du produit intérieur brut (PIB) nippon publiées jeudi 15 février.
Gonflé par l’inflation, le PIB nominal de l’Allemagne s’est élevé à 4 500 milliards de dollars en 2023 contre 4 200 milliards de dollars pour le Japon. En données réelles (ajustées de l’inflation et des variations saisonnières), l’économie japonaise a toutefois progressé de 1,9 % l’an dernier, contre seulement 1 % en 2022, alors que l’économie allemande s’est, elle, contractée de 0,3 % selon des données officielles publiées en janvier.
La dégradation de la conjoncture en Allemagne fait que son nouveau titre de troisième puissance économique mondiale, qui lui était promis depuis octobre dernier par les prévisions du Fonds monétaire international (FMI), est perçu comme un trompe-l’œil outre-Rhin. D’autant que l’Inde pourrait dépasser à la fois le Japon et l’Allemagne d’ici à quelques années.
Au Japon, déclin démographique et faible productivité
Puissance exportatrice, l’Allemagne souffre de la faible demande extérieure, des coûts de l’énergie pour son important secteur manufacturier et des taux d’intérêt relevés par la Banque centrale européenne (BCE) dans le but de vaincre l’inflation.
Au Japon, les médias locaux ont abondamment commenté la perte de son troisième rang économique mondial, rappelant qu’au-delà de l’impact exceptionnel de la chute du yen, de puissants facteurs fondamentaux négatifs sont à l’œuvre, comme le déclin démographique accéléré de l’archipel et la faiblesse chronique de sa productivité.
« Après avoir cédé à la Chine la deuxième place derrière les Etats-Unis en 2010, à présent le Japon abandonne aussi le troisième rang » s’est lamenté le grand quotidien économique japonais Nikkei dans un éditorial publié samedi dernier. « Le Japon n’a pas fait de progrès pour augmenter son propre potentiel de croissance. Cette situation doit être un signal d’alarme pour accélérer des réformes économiques qui ont été négligées », a ajouté Nikkei.
Comme l’Allemagne, le Japon est une puissance industrielle et exportatrice, mais ce statut est en perte de vitesse depuis longtemps et sa consommation intérieure est actuellement minée par l’inflation et la chute du yen.
Au quatrième trimestre, le PIB nippon s’est de nouveau contracté (− 0,1 % sur un trimestre en données réelles ajustées des variations saisonnières), soit un deuxième repli d’affilée après un déclin plus marqué sur la période de juillet à septembre (− 0,8 % selon un chiffre révisé jeudi à la baisse).
Source : Le Monde.fr