L’action du géant japonais SoftBank s’est effondrée jeudi 19 mars de 17,22 % à 2 687 yens. C’est la plus forte chute du titre sur une séance depuis son introduction en Bourse en 1994, selon l’agence Bloomberg. Mercredi déjà, le titre avait sombré de près de 11 %. En un mois, la capitalisation boursière du groupe a été divisée par deux.
Cette dégringolade intervient alors que la confiance des investisseurs s’est fortement érodée à l’égard du conglomérat fortement endetté et dont la réorientation stratégique − qui a consisté ces dernières années à investir massivement dans des starts up telle que Uber ou WeWork − est de plus en plus contestée. « Aucune autre entreprise au Japon n’est aussi endettée et exposée au ralentissement économique que SoftBank », indique l’analyste d’Asymmetric Advisors, reflétant l’inquiétude qui grandit autour de la compagnie.
Hésitations
Signe de cette défiance, l’agence de notation S&P a révisé mardi 17 mars, la perspective de la note de groupe, passée de « stable » à « négative », après que le groupe japonais a annoncé un programme de rachat d’actions à hauteur de 4,2 milliards d’euros. Cette décision n’est pas de nature à favoriser la solidité financière de la compagnie, souligne S&P.
Parallèlement la presse américaine a fait état mercredi de l’annulation possible de l’opération qui devait permettre à SoftBank de racheter pour trois milliards de dollars d’actions de WeWork, le géant des espaces de travail partagés. Le groupe japonais justifie notamment ces hésitations par les enquêtes qui sont menées par la justice américaine sur les agissements de l’entreprise new-yorkaise. Elles pourraient aussi être vues comme une mesure de prudence à un moment où, avec la crise liée au coronavirus, l’activité de WeWork est plus fragilisée que jamais…
Depuis l’échec de l’entrée en bourse de WeWork, l’an passé − dont la valorisation s’est depuis totalement effondrée − de plus en plus d’observateurs s’interrogent sur la pertinence des paris financiers de Masayoshi Son, le grand patron de Softbank. Ce dernier n’a d’ailleurs toujours pas réussi à convaincre les investisseurs de le rejoindre pour réaliser son projet de création du plus grand fond d’investissement au monde, que le Japonais imaginait de pas moins de 108 milliards de dollars…
Source : Le Monde.fr