Devant le siège japonais de la secte Moon, aussi appelée Eglise de l’unification, à Tokyo, le 13 octobre 2023. Devant le siège japonais de la secte Moon, aussi appelée Eglise de l’unification, à Tokyo, le 13 octobre 2023.

Sous pression de l’opinion, le gouvernement japonais a déposé, vendredi 13 octobre, une demande auprès du tribunal de Tokyo pour obtenir la dissolution de la branche nippone de l’Eglise de l’unification, mieux connue sous le nom de secte Moon.

Prise par le premier ministre, Fumio Kishida, la décision suit une enquête lancée après l’assassinat, en juillet 2022, de l’ancien chef du gouvernement, Shinzo Abe (2012-2020). M. Abe avait été tué pour ses liens avec la secte. Sa mort avait déclenché une vague de révélations sur les relations d’élus du Parti libéral démocrate (PLD, au pouvoir) avec cette église aujourd’hui officiellement appelée Fédération des familles pour la paix et l’unification mondiales.

Le ministre de l’éducation, des sciences et de la culture, Masahito Moriyama, a justifié la demande de dissolution en accusant l’organisation d’avoir contraint ses adeptes de « faire des dons ou d’acheter des produits dans des conditions qui les empêchaient de prendre des décisions sereinement, infligeant ainsi des dommages substantiels et provoquant de graves problèmes psychologiques ».

Sur son site, le mouvement, fondé en 1954 en Corée du Sud par Sun-myung Moon (1920-2012) et qui compterait près de 600 000 membres au Japon, a déploré « une décision importante prise sur la base d’informations biaisées ».

« Droit de questionner »

La loi permet aux autorités judiciaires de sanctionner un groupe religieux qui a commis un acte « dont il est clairement établi qu’il porte gravement atteinte au bien-être public ». Le Japon compte environ 180 000 organisations religieuses. Seules deux ont été ciblées par une ordonnance de dissolution, qui se traduit par la perte du statut d’organisation religieuse et des avantages afférents, fiscaux notamment.

La première fut la secte Aum Shinrikyo, qui a perpétré l’attentat meurtrier au gaz sarin dans le métro de Tokyo en 1995. La seconde fut l’organisation Myokakuji, dissoute en 2002 pour avoir vendu des produits et services censés guérir des fidèles soi-disant possédés par les esprits de fœtus avortés et de bébés mort-nés.

Dans le dossier de la secte Moon, le tribunal de Tokyo a trouvé des éléments réunis au fil de l’enquête lancée en novembre 2022 après l’assassinat de M. Abe, dont le meurtrier, Tetsuya Yamagami, aurait agi pour venger sa famille, ruinée par l’organisation. Sa mère avait consenti au mouvement des dons de près de 100 millions de yens (632 000 euros). M. Yamagami avait établi que M. Abe entretenait des liens étroits avec l’organisation religieuse. Les motivations du meurtrier ont par la suite déclenché une vague de révélations sur les liens entre 180 élus du PLD et l’Eglise de l’unification, suscitant un vif mécontentement de l’opinion et une chute de la popularité du premier ministre Kishida.

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Source : Le Monde.fr

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