L’attention portée à la guerre en Ukraine n’empêche pas l’OTAN de considérer des menaces plus éloignées de son champ d’intervention traditionnel, orientées vers l’Asie. Son sommet, qui se tient jusqu’à ce jeudi 30 juin à Madrid, doit se traduire par l’adoption d’un nouveau concept stratégique intégrant désormais la Chine dans ses préoccupations.
La prise en compte de la menace chinoise explique la présence à Madrid du premier ministre japonais, Fumio Kishida, et du président sud-coréen, Yoon Seok-youl. Il s’agit d’une première pour Tokyo et Séoul, invités comme « partenaires asiatiques », selon l’OTAN, aux côtés de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande, pays inquiets des visées de Pékin dans le Pacifique.
Crainte d’une invasion chinoise
Les invitations s’inscrivent dans les transformations en cours des orientations stratégiques des deux pays. Le Japon est membre du dialogue quadrilatéral (le « Quad », cadre de coopération pour la région indo-pacifique établi en opposition à la Chine) avec les Etats-Unis, l’Inde et l’Australie. Il coopère déjà avec l’Alliance sur le partage d’informations et la sécurité maritime, depuis la signature d’un accord en juin 2010. Pendant le sommet, Tokyo a l’intention, selon M. Kishida, de « promouvoir l’idée que la sécurité de l’Europe et celle de l’Indo-Pacifique sont indissociables ».
Intervenant le 10 juin dans le cadre du Dialogue de Shangri-La, à Singapour, M. Kishida avait fait part de sa « grande inquiétude de voir la situation en Ukraine aujourd’hui » être répliquée dans sa région. L’invasion russe fait craindre au premier ministre japonais un scénario similaire en Asie-Pacifique, en particulier à Taïwan, alors que la Chine intensifie ses activités militaires dans la région. Les craintes du premier ministre japonais se nourrissent aussi des tensions persistantes nées des contentieux territoriaux du Japon avec ses voisins chinois et russe.
Ses positionnements confirment que Tokyo a rompu avec une certaine réserve : le ton s’est durci envers la Russie depuis l’attaque de l’Ukraine, mais également envers la Chine.
Menace nord-coréenne
Soucieux de faire de la Corée du Sud un acteur des relations internationales aux côtés des démocraties libérales contre les régimes autoritaires, le président sud-coréen souhaite, selon son directeur de la sécurité nationale, Kim Sung-han, « établir une coopération sécuritaire globale avec [nos] alliés de l’OTAN, alors que la situation internationale devient plus imprévisible ». Séoul devrait confirmer, à Madrid, l’ouverture d’une représentation au siège de l’OTAN.
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Source : Le Monde.fr