C’est un nouveau pacte de défense pour l’Indo-Pacifique, la vaste région qui englobe l’océan Indien, et va de l’Australie au Pacifique Nord : le Japon et l’Australie ont décidé, mardi 17 novembre, de finaliser un accord d’accès réciproque (RAA) pour leurs troupes armées. Le nouveau cadre, qui sera officialisé en 2021, doit permettre aux militaires des deux pays d’organiser des manœuvres sur leur territoire respectif, de renforcer l’interopérabilité de leurs forces et de stationner des troupes si besoin est sur le territoire de l’autre. Il a été annoncé à Tokyo par le premier ministre nippon, Yoshihide Suga, et son homologue australien, Scott Morrison.
Dans un communiqué, les deux dirigeants ont renouvelé, sans jamais citer la Chine, leur « détermination à approfondir la coopération pour promouvoir une région Indo-Pacifique libre, ouverte, inclusive et prospère ». Ils ont exprimé « de graves inquiétudes » concernant la militarisation dans les mers de Chine méridionale et orientale, ainsi que de « sérieuses préoccupations » concernant la situation à Hongkong, tout en « se félicitant de l’engagement continu des Etats-Unis dans la région ».
Signe de l’importance du RAA, M. Morrison avait fait spécialement le déplacement dans l’Archipel, malgré l’obligation de deux semaines de quarantaine à son retour à Canberra. « L’Australie et le Japon, démocraties libérales fondées sur l’économie de marché, ont beaucoup en commun et ont des intérêts stratégiques qui s’alignent », a assuré le conservateur australien, qui, en réponse aux critiques voyant dans cet accord un moyen de contrer les velléités chinoises, présente le RAA comme un moyen de « favoriser la stabilité, ce qui est une bonne chose ». « Il n’y a pas de raison » que le pacte « soulève des craintes ailleurs dans la région ».
« Des outils au service des Américains »
La Chine a immédiatement réagi : « La coopération entre pays devrait favoriser la paix et la stabilité, et renforcer la confiance mutuelle dans la région. Elle ne devrait pas viser un pays tiers ni menacer les intérêts de ce pays tiers », a déclaré mercredi 18 novembre le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Zhao Lijian. Le quotidien Global Times, proche du pouvoir, considère que le Japon et l’Australie « sont utilisés comme des outils au service des Américains » pour se liguer contre la Chine.
Le RAA, en négociation depuis six ans, est le premier du genre pour le Japon depuis celui de 1960 sur le statut des forces américaines (SOFA), qui encadre la présence dans l’Archipel de près de 50 000 soldats américains. Un des volets délicats des pourparlers portait sur l’application de la peine de mort, toujours en vigueur au Japon, aux militaires de l’Australie, qui ne l’applique pas. La question aurait été résolue, a expliqué M. Morrison, sans donner de détails.
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Source : Le Monde.fr