Bio et terroir. Ces concepts gagnent la modeste, mais de plus en plus populaire, viticulture japonaise, désormais considérée comme une actrice sérieuse de l’univers des vins du nouveau monde. Le domaine Takahiko, 2,5 hectares de vigne à Yoichi, dans le département d’Hokkaido (Nord), écoule aujourd’hui sans difficulté sa production de 15 000 bouteilles par an d’un vin réalisé à partir de pinot noir, malgré un prix relativement élevé de 4 000 yens (33 euros) l’unité.
Yoichi, petite ville de 20 000 habitants sur la mer du Japon, était connue pour sa production de fruits et pour accueillir le producteur de whisky Nikka. La voilà devenue bastion de la viticulture nippone, avec la multiplication de petites exploitations. Le domaine Takahiko y a été créé en 2009 par Takahiko Soga, avec seulement 10 millions de yens. Avec son aide, quatre de ses anciens employés ont créé leur propre exploitation, également à Yoichi.
Le succès repose sur le choix du bio et de la qualité, et sur un intérêt pour l’idée française de terroir, que M. Soga décrit comme « une réflexion sur le goût local, sur ce qu’on mange ou ce que l’on sent, qui n’exclut pas une certaine nostalgie ». « Amorcée il y a une quinzaine d’années, la tendance est aujourd’hui très répandue », constate Tomoyuki Takao, propriétaire du restaurant de cuisine italienne Takao, une étoile Michelin, qui propose des vins locaux, « en progrès spectaculaires depuis une dizaine d’années ».
L’accent est mis sur la valeur et non plus sur les volumes
La production viticole japonaise n’est pas nouvelle. Artisans passés par les universités françaises d’œnologie ou grands groupes comme Mercian la développent depuis les années 1960 dans les départements de Nagano, Yamagata ou Yamanashi, célèbre pour son raisin « Koshu ».
Aujourd’hui, les Japonais consomment 2,94 litres par personne et par an, contre 0,3 litre dans les années 1980. La production locale a atteint 15,8 millions de litres en 2017, 4,8 % d’un marché toujours dominé par les importations chiliennes, américaines ou françaises.
La nouveauté est l’accent mis sur la valeur et non plus sur les volumes, avec un réel soutien des autorités. Pour obtenir l’appellation « vin japonais », il fallait utiliser 5 % de raisin produit localement. Depuis 2018, il faut en utiliser 100 %.
En 2011, la ville de Yoichi s’est vu attribuer un statut particulier, dit de « zone spéciale pour le vin ». « Nous aidons jusqu’à 1 million de yens, et nous appuyons les producteurs participants à des concours internationaux », selon le maire, Keisuke Saito. Si bien que des vins nippons gagnent les bonnes tables américaines et européennes. Le restaurant parisien Papilles en sert un, issu des vignes de Rita Farm, à Yoichi.
Source : Le Monde.fr
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