Le Japon infléchit sa position sur l’alliance de sécurité avec les Etats-Unis

Pour son soixantième anniversaire, l’alliance militaire entre le Japon et les Etats-Unis traverse une phase délicate, marquée par des réticences nouvelles de l’archipel à céder aux exigences américaines. Le ministre nippon de la défense, Taro Kono, a officialisé jeudi 25 juin l’annulation de la commande aux Etats-Unis de deux systèmes antimissiles Aegis Ashore, en raison d’un coût, qui a plus que doublé, à 4,15 milliards de dollars (3,7 milliards d’euros).

La décision est prise alors que se pose la question du financement des bases américaines dans l’archipel. Le 24, M. Kono avait réfuté les allégations de John Bolton, l’ancien conseiller à la sécurité nationale du président américain, Donald Trump, qui explique dans son ouvrage The Room Where it Happened (Simon & Schuster, 952 pages, « La pièce où ça s’est passé », non traduit) avoir demandé en juillet 2019 au Japon de porter la prise en charge du déploiement au Japon de 54 000 soldats américains à huit milliards de dollars (7,1 milliards d’euros) par an. Un refus pourrait entraîner le retrait de ces troupes. La requête émanait de Donald Trump qui voulait se placer « en excellente position pour négocier ». Pour l’exercice 2020, la prise en charge par Tokyo s’élève à 201 milliards de yens (1,7 milliard d’euros).

« Le gouvernement japonais n’a reçu aucune demande des Etats-Unis » à ce sujet, a réagi M. Kono, ce qui peut surprendre. En novembre 2019, la presse nippone, citant des sources gouvernementales, évoquait déjà la demande de M. Bolton.

Tout d’un revirement

La question est brûlante au Japon car l’accord quinquennal HNS (Host Nation support, « soutien de la nation hôte ») fixant ces financements expire en mars 2021. Les négociations pour le proroger doivent bientôt commencer.

Comme pour la Corée du Sud ou encore l’Allemagne, Donald Trump pousse pour une augmentation des financements des nations accueillant des militaires américains. « Je suis convaincu qu’au cours des mois et années à venir, les contributions du Japon à notre sécurité mutuelle continueront de croître », insistait-il en janvier dans un communiqué émis à l’occasion du 60e anniversaire du traité bilatéral de sécurité.

Sans vouloir menacer l’alliance bilatérale, Tokyo ne semble plus disposé à tout accepter. Jusqu’à présent, le premier ministre, Shinzo Abe, très attaché au renforcement de la coopération militaire avec les Etats-Unis face aux menaces nord-coréennes et chinoises, semblait céder à l’essentiel des demandes de Donald Trump. Il l’a fait pour l’achat massif de matériel militaire, notamment 142 avions de combat F-35 et les deux systèmes Aegis Ashore.

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Source : Le Monde.fr

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