Santé, distribution, hôtellerie-restauration, agriculture… Au Japon, aucun secteur économique n’est épargné par un déficit de main-d’œuvre de plus en plus criant. Le problème est si aigu qu’il a parfois des conséquences tragiques : comment rebâtir rapidement la péninsule de Noto, où le tremblement de terre du 1er janvier a détruit plus de 60 600 maisons et bâtiments, lorsque le nombre de travailleurs de la construction a diminué de 30 % par rapport au pic de 1997 ? Et à quel prix ? Le coût de l’Exposition universelle d’Osaka en 2025 a déjà doublé en raison de l’inflation des coûts des matières premières et du manque de bras.
Et la situation est susceptible de s’aggraver : selon l’institut de recherche indépendant Recruit Works, il pourrait manquer 11 millions de travailleurs en 2040 à la quatrième économie mondiale, qui compte aujourd’hui 123,3 millions d’habitants. En cause : le vieillissement démographique et la faiblesse de la fertilité. En 2023, le nombre de décès (1 590 503) a été deux fois plus important que celui des naissances (758 631), qui a chuté de 5,1 %, selon les données du gouvernement.
Depuis quelques années, les entreprises tentent de s’adapter à cette nouvelle donne, en élargissant leurs cercles de recrutement, notamment avec l’embauche de davantage de femmes, mais aussi de personnes âgées, autorisées à travailler jusqu’à 70 ans, voire plus. Les autorités envisagent même de porter l’âge de la retraite des chauffeurs de taxi à 80 ans, contre 75 ans actuellement. Traditionnellement réticent en la matière, le pays a également assoupli un peu sa politique d’immigration. Plus de deux millions d’étrangers y travaillent, deux fois plus qu’il y a vingt ans.
Néanmoins, comme cela ne suffit pas, l’Archipel se tourne également, et de plus en plus, vers les nouvelles technologies. En 2017, le gouvernement a lancé un grand plan nommé « Society 5.0 », censé transformer l’économie en profondeur. Son ambition est de créer une « société centrée sur l’humain, qui concilie le progrès économique et la résolution des problèmes sociaux grâce à l’intégration du cyberespace et du monde réel ». Les entreprises suivent : les investissements dans le numérique ont augmenté de 23 % en 2023, selon une enquête du quotidien économique Nihon Keizai (Nikkei), publiée en décembre 2023. Au total, 40,9 % des sociétés consultées – un record – misent sur la « transformation numérique ».
« Accroître la productivité »
Parmi les secteurs les plus actifs figure la distribution. Seven Eleven, numéro un des magasins de proximité, les konbinis, va ouvrir en avril ses premiers points de vente entièrement automatisés. Le groupe veut également proposer ce modèle aux entreprises dont les cafétérias ferment faute de personnel.
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Source : Le Monde.fr